Imposer au PS une politique de gauche ? La voie sans issue des dirigeants du PCF14/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2311.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Imposer au PS une politique de gauche ? La voie sans issue des dirigeants du PCF

À plusieurs reprises les parlementaires du PCF ont voté, ces derniers temps, contre des projets gouvernementaux, ce qui a fait dire que le PCF faisait chorus avec la droite. C'est à l'évidence une absurdité. Mais du coup, les commentateurs font semblant de s'interroger. Le PCF et le Front de gauche seraient-ils encore dans la majorité ?

Les responsables du PCF donnent à cette question une réponse pour le moins ambiguë : « Nous ne sommes pas dans l'opposition, mais dans la construction », assure André Chassaigne, président du groupe parlementaire dans lequel se retrouvent les élus PCF à l'Assemblée nationale. Une façon de prétendre qu'ils proposent une autre politique. Les propositions politiques du PCF et du Front de gauche sont discutables, mais l'essentiel n'est pas seulement là. La façon dont les responsables du PCF envisagent de mettre en oeuvre leur politique mérite aussi d'être discutée. Ils expliquent qu'il faudrait convaincre les socialistes et leurs ministres de changer de cap... par la discussion et la pression parlementaire. Autant attendre qu'un bouc nous fournisse notre lait quotidien.

Car ce n'est pas par méprise, par incompréhension, ou faiblesse de caractère que la majorité des socialistes s'inclinent de façon pitoyable devant les exigences du patronat et des riches. C'est qu'ils sont, depuis des décennies, et pas seulement en France, un parti de gouvernement, en permanence disponible pour servir les intérêts des classes dominantes. Comme le disait l'un deux, Pierre Mauroy qui fut Premier ministre en 1981, ils le sont y compris pour faire le « sale boulot », comme quand son gouvernement approuvait la suppression de dizaines de milliers d'emplois, dans la sidérurgie lorraine ou dans l'automobile.

Lorsqu'on affirme que les dirigeants du PS ne sont pas dans le camp des travailleurs, ce n'est donc pas une conclusion abstraite, « dogmatique » comme le disent ses défenseurs. C'est un fait d'expériences répétées. Nombre de travailleurs qui ont subi les conséquences de cette politique, et aussi les militants et les sympathisants du PCF, ne l'ont pas tous oublié et les dirigeants du PCF non plus. Ils s'engagent donc dans une impasse, et pire, ils le font en toute connaissance de cause.

L'issue pour le monde du travail se situe ailleurs. Pour réussir à imposer à un gouvernement, quel qu'il soit, de prendre en compte les exigences des salariés et des classes populaires, il faut construire un rapport de force, autrement dit que les travailleurs se manifestent sur leur terrain, par des manifestations et des grèves, en un mot par la lutte de classe.

Dans le contexte actuel, il est difficile d'entraîner les salariés à se battre. C'est un fait. Mais encore faut-il les y préparer, en proposant un plan de lutte, de façon à ce que les travailleurs qui sont convaincus de cette nécessité sachent par avance que telle journée d'action s'inscrit dans un plan d'ensemble, chaque étape servant à préparer la suivante, au contraire de ces journées qui se succèdent sans lendemain prévu, qui découragent les plus déterminés sans convaincre les hésitants.

Encore faut-il aussi préciser les objectifs de ces luttes en mettant en avant des revendications qui concernent l'ensemble du monde du travail, autour desquelles les luttes des travailleurs puissent converger dans une même lutte générale.

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