ThyssenKrupp Ascenseurs - Angers : 50 euros arrachés après sept jours de grève17/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2172.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ThyssenKrupp Ascenseurs - Angers : 50 euros arrachés après sept jours de grève

La grève chez ThyssenKrupp a démarré le mardi 23 février au matin, dans le climat tendu des négociations salariales. La direction venait de faire comprendre à tout le monde qu'il faudrait se contenter d'une augmentation de 1 %. Cette proposition a été ressentie comme une provocation de plus.

La plupart des salariés, notamment les plus jeunes, voient bien qu'on ne peut pas vivre correctement avec, au mieux, des salaires de 1 400 euros brut quand on travaille en équipe. Et cette augmentation dérisoire faisait suite à une série de coups tordus, alternant chômage partiel et cadences élevées. Sans compter les périodes de congés sans cesse modifiées en fonction d'un calendrier qui n'arrange que la direction.

Alors, la grève a été jugée comme la meilleure réponse à donner à une direction qui représente localement un groupe mondial loin d'être sur la paille. Elle a été décidée à la quasi-unanimité des deux cents ouvriers de l'Assemblage, dans une usine qui compte 520 salariés, dont de nombreux cadres et techniciens donc. Seule une poignée a rejoint un mouvement qui devait durer sept jours, et huit jours pour l'équipe du matin. La grève était principalement organisée et conduite par les délégués de la CGT, avec une forte présence de jeunes embauchés pour qui c'était le premier conflit important. Les grévistes ont tout de suite décidé de faire pression sur la direction en bloquant l'accès principal de l'usine aux camions. Le cadenas posé sur les grilles, et rapidement enlevé par la direction, était de toute façon inutile puisque aucune production ne se faisait. Organisée chaque matin par la CGT, l'assemblée des grévistes rendait compte de l'état des négociations et décidait de la suite du mouvement. Une plate-forme de revendications avait été mise au point, avec en priorité l'augmentation de 75 euros de tous les bas salaires.

La direction a d'abord joué la carte du pourrissement, en estimant, à tort, que les grévistes seraient vite gagnés par la fatigue et la lassitude après de longues journées d'attente sous la pluie. Mais il en fallait plus pour entamer le moral des grévistes qui recevaient chaque jour le soutien d'autres salariés, passant en voiture dans la zone industrielle, et de nombreux délégués des entreprises voisines. Tout le monde se souvenait aussi de la grève chez Valeo qui, deux ans plus tôt, n'avait pas permis d'obtenir satisfaction. Lors de leur distribution de tracts dans la zone industrielle, les grévistes ont pu ressentir que leur action était soutenue, même si l'heure n'était pas à l'extension.

Il a fallu attendre plusieurs jours avant que la direction propose finalement une augmentation de 25 euros. Ce qui ne satisfaisait personne, au moment même ou le président de ThyssenKrupp Ascenseurs France déclarait : « S'il n'y avait que moi, je donnerais 0 %. Mon métier, c'est d'assurer la rentabilité du capital des actionnaires » !

La grève ne faiblissant pas, la direction angevine a fait une deuxième proposition. Elle passait de 25 à 30 euros pour les plus petits coefficients, et 30 euros pour les autres, assortis de 0,8 % de « sélectivité », la prime à la tête du client. Pour les jours de grève, la direction s'en est sortie avec une pirouette qui n'a trompé personne : elle accorderait une prime de 145 euros à tout le monde, à condition de rattraper le retard accumulé. Si ce qu'elle appelle « l'efficience » dans son jargon était à nouveau atteinte, la prime serait accordée.

À la dernière assemblée, le jeudi 4 mars, l'ambiance était plutôt mitigée. Après un premier vote à main levée, la moitié des grévistes voulaient arrêter la grève, quand d'autres grévistes, non syndiqués, voulaient continuer le mouvement, ne serait-ce que pour montrer au patron que ses propositions étaient loin de les satisfaire. Mais personne n'avait envie d'un mouvement qui, affaibli et divisé, n'aurait représenté qu'une centaine de grévistes. Un deuxième vote a donc donné une majorité à l'arrêt de la grève et, malgré quelques grincements de dents, le travail a repris.

En même temps, cette grève a renforcé la solidarité, elle a soudé entre eux des salariés qui ne se croisent d'ordinaire qu'au changement d'équipe. Maintenant tout le monde sait comment répondre aux provocations de la direction.

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