Renault Trucks - Vénissieux (Rhône) : Grève pour les salaires17/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2172.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Trucks - Vénissieux (Rhône) : Grève pour les salaires

À Vénissieux, les deux secteurs de l'Usine Moteurs (UM) et de la Pièce de Rechange (PR) se sont mobilisés pendant plus d'une semaine pour des augmentations de salaires. Cette mobilisation a commencé par la signature d'une pétition par plusieurs centaines de travailleurs. Mercredi 3 mars, environ 80 travailleurs de la PR sont allés la porter à leur direction locale. Le lendemain, ce sont les travailleurs de l'UM, rejoints par ceux de l'équipe du matin et de la journée de la PR, qui sont à leur tour allés voir la direction de l'établissement à environ 150 salariés, et avec beaucoup d'ambiance.

Cela faisait longtemps que les travailleurs ne s'étaient pas retrouvés aussi nombreux dans un débrayage. Le ras-le-bol montait depuis déjà quelques semaines, entre autres sur les lignes de montage des moteurs : après avoir imposé des dizaines de jours de chômage partiel au cours de l'année 2009, avec des pertes de revenus, la direction a décidé début février de faire travailler en une seule équipe, du matin, en en profitant pour augmenter les charges de travail. Beaucoup pensaient que la direction voulait les faire travailler plus, mais sans les payer plus. De plus, en 2009, les salaires n'ont augmenté que de 0,7 % pour les ouvriers et de 0 % pour les ATAM. Sentiment confirmé par l'annonce par la direction que la réunion salaire, qui avait lieu traditionnellement en début d'année, n'aurait lieu que le 14 avril.

Un nouveau débrayage était proposé pour le lundi 8 mars, à l'occasion d'une réunion du Comité d'entreprise. Et c'est à 150 que les grévistes l'ont envahie. La seule réponse de la direction a été d'affirmer qu'il n'était pas question d'avancer la réunion salaire. Face à cette sourde oreille, les travailleurs de l'UM ont décidé de continuer la grève jusqu'en fin de poste et de se retrouver le lendemain matin dès 5 h 30.

C'est donc encore nombreux qu'ils ont décidé la grève au matin du 9 mars, à la prise de poste de l'équipe. Et après être passés dans les ateliers de l'UM, les grévistes ont rejoint les travailleurs de la PR. Ils ont tourné ensemble dans les ateliers de Vénissieux, pour inviter les travailleurs d'autres secteurs à les rejoindre, puis se sont dirigés vers la direction générale à Saint-Priest pour tenter de voir le PDG qui s'était barricadé et avait envoyé le DRH de Renault Trucks attendre les salariés. Celui-ci a confirmé que la réunion salaire était maintenue mi-avril, et expliqué que les travailleurs de Vénissieux étaient des « privilégiés » car ils avaient moins de jours de chômage que ceux de l'usine de Bourg-en-Bresse (qui ne travaille qu'un jour sur deux), qu'ils ne perdaient pas beaucoup au chômage, et que les grévistes n'étaient que quelques dizaines... Bref, il conseillait d'attendre sagement que les représentants syndicaux soient reçus lors de la réunion salaire.

Mercredi 10, les grévistes étaient un peu moins nombreux à l'UM, mais quand même toujours déterminés. Et c'est à plus de 100 qu'ils se sont retrouvés pour faire le tour des bureaux avec les travailleurs de la PR, qui eux depuis le début débrayaient tous les jours plusieurs heures.

La grève a encore continué jeudi 11, un peu moins nombreux encore. La direction de l'UM qui a reçu les organisations syndicales et une délégation des grévistes n'a toujours rien voulu lâcher, consentant uniquement à étaler sur plusieurs mois les retenues des jours de grève, tandis qu'à la PR c'est l'équipe du soir qui débrayait, au moment du service des commandes urgentes, gênant particulièrement la direction.

Les grévistes, même moins nombreux, ont néanmoins tenu à continuer le mouvement jusqu'à la fin de la semaine pour ne reprendre le travail que lundi 15 au matin.

Même s'ils n'ont pas réussi à faire céder la direction sur les salaires, les grévistes de l'UM ont repris le travail avec le moral après ce mouvement qu'ils ont décidé eux-mêmes, en prenant toutes les décisions en assemblée générale. À la PR aussi, les travailleurs considèrent que la direction n'est pas quitte pour autant, et ils n'ont pas dit leur dernier mot. Et comme le dit le DRH, pour faire céder Renault Trucks il faudra revenir plus nombreux, aussi nombre de grévistes sont décidés à le faire à l'occasion de la réunion salaire du 14 avril.

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