SNCF - Ateliers de Châtillon (Hauts-de-Seine) : La direction recule face aux « jockeys »17/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2172.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Ateliers de Châtillon (Hauts-de-Seine) : La direction recule face aux « jockeys »

Aux ateliers TGV de Châtillon où sont entretenus les TGV Atlantique, l'augmentation des cadences de travail et les pressions de la hiérarchie se sont accentuées ces dernières années.

Pour les « jockeys », qui assurent le déplacement des rames TGV, c'en était trop. Le 3 février, 40 d'entre eux, sur un effectif de 73, se sont réunis et ont réclamé l'arrêt des pratiques de flicage et de harcèlement.

Comme ils sont dispersés sur sept vacations en 3x8, les débrayages ont permis dans un premier temps de tenir des assemblées communes. Le 16 février, 45 jockeys interpellaient la direction en réclamant 14 embauches, l'arrêt du harcèlement, des mutations pour tous les volontaires, en particulier vers la traction, le maintien des repos supplémentaires et des compensations financières pour le surcroît de travail.

La « demande de concertation immédiate », étape obligée avant le préavis, n'aboutit qu'à de vagues promesses de la direction qui espérait qu'en faisant traîner les choses en longueur, la détermination faiblirait. Ce fut l'inverse. Dans les jours qui ont suivi, les jockeys ont tout d'abord décidé d'appliquer strictement les procédures de travail, en refusant le quotidien dégradé qui consiste à faire courir les cheminots d'un TGV à l'autre. Assimilant cette action à une grève du zèle, la direction a brandi des menaces. Mais devant la cohésion des jockeys, elle a promis deux recrutements. Cela ne fit que renforcer la détermination et la grève reconductible fut votée à partir du 9 mars.

Conscients que les revendications étaient partagées par les cheminots de l'atelier, les jockeys sont allés discuter avec eux d'une action commune. L'accueil fut très chaleureux, d'autant que les arrivées des grévistes en fanfare, avec musique et banderole, mettaient la hiérarchie dans tous ses états.

La grève était forte (quasiment 100 % des jockeys, seuls quatre maîtrises sur dix étaient au travail). Les actions et les assemblées rassemblaient toujours de 30 à 45 grévistes.

Au sixième jour de la grève, la direction se rendit à l'assemblée pour annoncer deux nouvelles embauches, des requalifications de postes, un allègement de la charge. En réponse, les grévistes partirent en fanfare distribuer un tract aux ateliers, appelant à « lutter tous ensemble ».

Lundi 8 mars, il était cependant clair qu'une extension du mouvement ne se produirait pas dans l'immédiat. Finalement après une âpre discussion, la suspension fut décidée. Au-delà de la satisfaction d'avoir fait reculer la direction sur quatre embauches et sur l'arrêt du harcèlement, il y a la fierté pour les grévistes de s'être fait respecter et même craindre.

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