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Assistance publique à-Hôpitaux de Paris : Le mécontentement commence à bouillonner
Les médias se sont fait l'écho ces derniers jours du malaise grandissant dans les hôpitaux de l'AP-HP et des protestations qui en ont découlé. Comité de défense et manifestations pour l'hôpital Trousseau, centre pédiatrique menacé de fermeture. Même chose pour la maternité de l'hôpital Saint-Antoine et pour les Urgences de l'hôpital Beaujon... L'action la plus spectaculaire a été l'occupation du siège de l'AP-HP du jeudi 11 au vendredi 12 mars.
Cette occupation a été le fait des dirigeants et de militants syndicaux de l'AP-HP qui, après une réunion le jeudi 11 au matin, sont restés dans la salle du Conseil d'administration, où ils ont passé la nuit. L'action était symbolique, l'AP-HP ayant vendu l'immeuble du siège, avenue Victoria, et se préparant à déplacer et diminuer son personnel.
Le lendemain, une manifestation était prévue devant le siège par l'intersyndicale. Pas trop bien préparée dans les hôpitaux, elle a rassemblé entre 400 et 500 salariés. Des personnalités politiques s'y sont montrées, entre autres Olivier Besancenot, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo, qui a été un peu chahutée du fait des responsabilités des représentants de la Mairie de Paris au Conseil d'administration de l'AP. Les dirigeants syndicaux sont intervenus depuis les fenêtres du siège. Des manifestants ont tenté de pénétrer dans le bâtiment, mais en ont été empêchés par un cordon de policiers qui a répandu quelques jets de gaz lacrymogènes.
L'occupation a cessé dans la soirée du vendredi sur la promesse de négociations à partir du lundi 15 mars avec le directeur général de l'AP-HP. Celui-ci s'est engagé par écrit à suspendre les projets de réorganisation dans chaque hôpital et le plan central qui les synthétise tant qu'ils n'auront pas été négociés avec les syndicats. Il a pris le même engagement en ce qui concerne la restructuration du siège et la formation professionnelle.
Quant aux quelques centaines de manifestants présents lors de ce rassemblement, ils étaient venus exprimer leur inquiétude au sujet de leurs conditions de travail et de leurs emplois. La politique de regroupements hospitaliers a en effet des conséquences de plus en plus catastrophiques et le manque de moyens se fait sentir partout.
Un certain nombre de réactions ont lieu. La plupart sont animées par des catégories de personnel qui ne voient plus comment travailler correctement. À l'hôpital Beaujon de Clichy, les secrétaires médicales se sont mobilisées contre un projet de sous-traiter les comptes rendus médicaux à une entreprise privée basée en Tunisie. Les brancardiers ont manifesté à deux reprises contre un projet de réorganisation qui ferait qu'ils ne seraient plus attachés à un service hospitalier. Les laborantins ont fait de même contre la création d'un accueil commun des laboratoires qui, en modifiant horaires et affectations, menacerait même la production de résultats fiables d'examens, ce qui pourrait mettre en cause la sécurité des malades.
Des médecins du Mouvement de défense des hôpitaux publics organisent des réunions dans les hôpitaux pour y élire des délégués, en prévision d'un mouvement en mai ou en juin, quand les budgets auront été annoncés.
Même les employés de sociétés prestataires se mobilisent. Ainsi, les salariés de la société Bodyguard, qui assurent la sécurité de la Pitié-Salpêtrière, se sont mis en grève pour leurs salaires.
L'idée qu'il est nécessaire de fédérer ces mouvements est dans bien des têtes. Même si les syndicats pour l'instant ne programment pas les étapes d'une telle mobilisation, c'est la seule voie possible pour arrêter la politique de restrictions de l'AP-HP.