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Leur société
Salaires en baisse pour des dividendes en hausse
Quel que soit le niveau des bénéfices et même lorsqu'il est en baisse, la plupart des groupes du CAC 40 s'apprêtent à maintenir ou même à augmenter le montant du dividende versé aux actionnaires. Dans le même temps, à l'occasion des négociations salariales, les patrons de ces mêmes entreprises ne proposent souvent aucune augmentation, ou bien des augmentations dérisoires.
Et ce alors que le pouvoir d'achat des travailleurs ne cesse de chuter.
Le smic, qui ne s'élève qu'à 1 056 euros net, n'est même plus un salaire minimum pour une grande partie des travailleurs, et ce depuis des années maintenant. Dans 40 % des branches professionnelles, le premier niveau de la grille des salaires est inférieur au smic.
Les patrons utilisent la pression du chômage pour baisser les salaires. Un des procédés est de licencier des travailleurs ayant une certaine ancienneté pour embaucher à leur place des travailleurs plus jeunes, souvent des intérimaires, contraints d'accepter des salaires plus bas. Mais il y en a bien d'autres.
La baisse de la masse salariale, conjuguée à l'augmentation de la productivité par une exploitation accrue, a permis de faire exploser les profits, et donc les dividendes des actionnaires.
D'après une enquête menée par la CGT à l'usine Fralib de Gémenos près de Marseille, qui produit du thé en sachet, la production qui était de 5,525 millions de sachets par salarié en 1989, est aujourd'hui de 8,270 millions de sachets, soit 2,745 millions de sachets supplémentaires. En vingt ans, la productivité par salarié a donc augmenté de 50 %. Dans le même temps, le travailleur qui était payé 46 % au-dessus du smic n'est plus payé que 3,5 % au-dessus du smic. Voilà comment le groupe Unilever auquel l'usine Fralib appartient, en 2008, a pu reverser 750 millions d'euros de dividendes aux actionnaires, après en avoir reversé 300 millions en 2007. Et ce n'est qu'un exemple parmi bien d'autres.
Les travailleurs, comme ceux de Fralib en grève pour une augmentation de 200 euros depuis le 15 mars, ont parfaitement raison de manifester leur colère quand les patrons, en invoquant la conjoncture, refusent toute augmentation conséquente. Car s'ils n'augmentent pas les salaires, ce n'est pas parce qu'ils ne le peuvent pas, mais simplement parce que la richesse produite est accaparée par les actionnaires.