Les actionnaires des sociétés du CAC 40 ne connaissent pas la crise.17/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2172.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les actionnaires des sociétés du CAC 40 ne connaissent pas la crise.

Si l'on en croit les chiffres publiés par la presse, en 2010, les actionnaires des sociétés du CAC 40 devraient encaisser au total environ 35,5 milliards d'euros de dividendes. Contre 34,9 milliards en 2009 et 37,8 milliards en 2008. Pour les actionnaires, c'est comme si la crise économique et financière n'avait pas existé.

Les actionnaires d'Axa, de BNP-Paribas et de Sanofi-Aventis, dont les bénéfices ont explosé en 2009 (+ 291 % pour Axa, + 93 % pour BNP et + 37 % pour Sanofi-Aventis) vont être particulièrement choyés : leurs dividendes augmenteront cette année respectivement de 50 % et 38 %. À ceux-là, la crise rapporte, et rapporte beaucoup.

Mais les autres actionnaires ne sont pas à plaindre. La plupart des sociétés du CAC 40 dont le chiffre d'affaires et les profits ont reculé en 2009 n'en maintiendront pas moins le niveau des dividendes versés, comme Michelin, Carrefour ou Arcelor-Mittal. Certaines sociétés, comme L'Oréal et LVMH, l'ont même augmenté. Et la société immobilière Unibail-Rodamco, qui annonce pourtant des pertes en 2009, n'en annonce pas moins, en même temps... le versement d'un dividende en augmentation de 7 % par rapport à l'année dernière.

Sur les sept groupes qui affichent cette année des pertes, quatre seulement, dont Renault et Peugeot, ont annoncé leur intention de ne verser aucun dividende à leurs actionnaires. Mais les pertes affichées par ces groupes ne sont souvent que la contrepartie de provisions passées pour financer des plans de licenciements massifs : à ce compte, les vrais perdants, ce ne sont pas leurs actionnaires, ce sont leurs travailleurs - ouvriers, employés ou cadres - privés d'emploi, et leurs familles.

En cette période de crise de l'économie productive, les profits de la majorité des sociétés du CAC 40 vont de moins en moins aux investissements productifs et de plus en plus aux actionnaires. Les milliards d'euros versés en dividendes sont encaissés grâce à la spéculation, aux aides, subventions, allégements de charges, baisses d'impôts dont ils bénéficient de la part de l'État, au détriment de l'ensemble de la population ; et ils proviennent, surtout, des économies réalisées au détriment des travailleurs : de la mise au chômage, partiel ou total, de centaines de milliers d'entre eux, et de la surexploitation de ceux qui sont encore au travail.

Ces dividendes, ce sont les dividendes de la crise et les capitalistes apparaissent de plus en plus pour ce qu'ils sont : une classe parasitaire, nuisible à l'ensemble de la société.

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