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- Lutte ouvrière n°2172
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... et autocensure
Si la censure officielle a sévi à la RTF (Radio télévision française), devenue en 1964 ORTF (Office de radiodiffusion télévision française), le contrôle du pouvoir sur l'information s'est aussi opéré par d'autres biais. À partir de 1959, les conférences de rédaction du journal télévisé de l'unique chaîne eurent lieu au ministère de l'Information. Et lorsqu'Alain Peyrefitte en devint ministre en 1962, il créa le Service de liaison interministérielle pour l'information (SLII), qui convoquait quotidiennement des représentants de chaque ministère et les patrons des rédactions de la RTF, afin de bien informer ces derniers d'où soufflait le vent. Plus tard, il nomma même son directeur de cabinet, directeur adjoint de la télévision.
Avec la fin du régime gaulliste, la censure officielle s'est moins fait sentir à la radio et à la télévision. Elle est devenue plus sournoise car, la plupart du temps, elle provient des réalisateurs ou des présentateurs eux-mêmes qui sont passés maîtres dans l'art de pratiquer l'autocensure. On « n'invite » pas à la télévision tel artiste non-conformiste, comme ce fut le cas pour Jean Ferrat, on écarte les sujets qui risqueraient de déplaire au gouvernement ou de provoquer des réactions (le conflit du Moyen-Orient par exemple). On glisse ainsi rapidement, quand on ne fait pas silence, sur les mouvements de grève ou de colère des travailleurs pour s'attarder longuement sur les mésaventures d'une quelconque vedette de cinéma, etc. Et cela se pratique sur toutes les chaînes de télévision ou les stations de radio, privées ou publiques, même celles dont le possesseur ne s'appelle pas Bouygues ou n'est pas un ami du président...