Sujets à ne pas aborder...17/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2172.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Sujets à ne pas aborder...

Les débuts de la Ve République, sous la présidence de De Gaulle, ont été un âge d'or pour la censure, que ce soit à la radio, à la télévision ou au cinéma. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existait pas avant : les saisies de journaux critiques par rapport à la politique de répression en Algérie étaient chose courante sous le gouvernement du « socialiste » Guy Mollet et de ses successeurs du « Front républicain ».

L'opposition à la guerre d'Algérie fut la première cible. Ainsi, en septembre 1960, 121 intellectuels publièrent un texte dans lequel ils condamnaient le colonialisme français et appelaient à soutenir le peuple algérien qui luttait pour son indépendance. Le gouvernement en interdit la publication intégrale et saisit un journal qui le publia. Il imposa aussi à la RTF de faire le noir complet sur ce manifeste et d'évincer des programmes ou films présentés tout signataire de ce texte. Jean-Paul Sartre, un des signataires, ne pourra revenir à la télévision qu'en 1969, après la démission de De Gaulle. Le livre La Question d'Henri Alleg, dénonçant la torture en Algérie, qui avait été immédiatement saisi après sa parution en mars 1958, ne put être réédité que trois ans plus tard. Le film de Pontecorvo, La Bataille d'Alger, sera interdit pendant cinq ans, entre 1966 et 1971.

Les films donnant une vision des deux guerres mondiales s'éloignant de la version patriotique qui dominait eurent aussi affaire avec la censure. Dans Les sentiers de la gloire, Stanley Kubrick dénonçait les fusillés pour l'exemple durant la Première Guerre mondiale. Sorti en 1957, le film ne fut projeté en France que dix-huit ans plus tard. Le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, qui relate la chronique d'une ville française sous l'occupation, ne put sortir en salle qu'en 1971, deux ans après son tournage, dans un seul petit cinéma du Quartier Latin ; et ce n'est qu'en 1981 que la télévision le programma.

Critiquer le catholicisme, même dans ses aspects les plus odieux et ouvertement condamnés, était susceptible de censure. En 1967, le régime gaulliste poussa le ridicule jusqu'à interdire le film de Jacques Rivette, La Religieuse, qui reprenait le texte de... Diderot, le philosophe du Siècle des Lumières : place à l'obscurantisme !

Partager