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- Lutte ouvrière n°2172
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Editorial
Après les régionales, la crise continue, la nécessité de stopper les attaques patronales aussi
Le Parti Socialiste sort donc gagnant du premier tour des élections régionales. Sa stratégie a été de tout miser sur la déconsidération de Sarkozy et du gouvernement, sans s'engager sur quoi que ce soit de concret concernant les problèmes essentiels du monde du travail : les licenciements et la dégradation du pouvoir d'achat. Cette stratégie a été payante. La politique du gouvernement grossièrement en faveur des plus riches, ses attaques contre les services publics, des hôpitaux à l'Éducation nationale en passant par La Poste, ont remobilisé l'électorat des grands partis de gauche sans que cette mobilisation soit compensée par celle de l'électorat de droite, déçu par Sarkozy et dont une partie se tourne de nouveau vers le Front National.
L'abstention a été cependant particulièrement forte, et pas seulement à droite. Une partie importante de l'électorat populaire, dégoûtée par le jeu politique, a préféré marquer son opposition à Sarkozy et à sa politique en s'abstenant, plutôt que de cautionner le Parti Socialiste.
Malgré les discours des ministres racontant à la télévision que, vu le nombre des abstentions, ces élections ne comptent pas pour tirer une conclusion nationale, il s'agit bel et bien d'un désaveu de Sarkozy et de sa politique.
Ce succès du Parti Socialiste et la possibilité qu'il conquière la direction de la quasi-totalité des régions ne constituent cependant en rien un renforcement de la position des classes populaires. La promesse du Parti Socialiste de faire des Conseils régionaux un contre-pouvoir face au gouvernement de droite est ridicule. Non seulement le pouvoir des Conseils régionaux est dérisoire par rapport à celui du pouvoir central, mais, surtout, les uns comme l'autre se placent sur le terrain de la classe capitaliste et en défendent les intérêts. Pas une fermeture d'entreprise n'a été empêchée ni par un Conseil régional, ni par le gouvernement. Les uns comme l'autre sont, en revanche, des pourvoyeurs de subventions pour les entreprises de leurs sphères d'autorité respectives.
Lutte Ouvrière n'a participé à aucune tractation, à aucun marchandage, avant le premier tour et n'y participera pas après. Elle ne donne aucune consigne de vote. Nos électeurs n'ont pu exprimer leur véritable choix que lors du premier tour où nous étions présents. Au deuxième tour, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent. Les uns, en ne prenant pas part à cette deuxième élection qu'est le deuxième tour et où leur opinion n'est plus représentée. Les autres, en accordant leur vote à une liste de gauche. Mais nous avons confiance dans le fait que les uns comme les autres se retrouveront dans les luttes futures. Ce sont elles qui comptent, pas le nombre de bulletins dans les urnes.
Car les élections régionales finies, la crise continue et s'aggrave. Et, avec elle, s'aggravent les attaques du patronat et du gouvernement pour récupérer, sur le dos des classes populaires, de quoi préserver les revenus et la fortune de la grande bourgeoisie. Si les travailleurs refusent d'être poussés vers la pauvreté, ils seront amenés à réagir.
Les objectifs que Lutte Ouvrière a cherché à populariser pendant cette campagne électorale restent entièrement d'actualité. Contre le chômage, il faut imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution des salaires. Contre la spéculation et la répétition des crises financières, il faut exproprier les banques. Contre la recherche irresponsable du profit par la classe capitaliste, il faut lui enlever le monopole du pouvoir sur les entreprises en les soumettant au contrôle de leurs travailleurs et de la population, en commençant par la suppression du secret industriel, du secret bancaire, du secret des affaires !
Lutte Ouvrière remercie celles et ceux qui ont voté pour ses listes. C'est une petite minorité, mais une minorité qui a montré, par ses bulletins de vote, qu'elle ne fait pas confiance au jeu politique institutionnel, qu'elle n'attend rien de l'alternance, à la tête de l'État comme des régions, de deux coteries politiques qui, une fois aux affaires, mènent toutes les deux la même politique en faveur de la grande bourgeoisie. Une minorité qui est consciente que le rapport de forces qui compte pour l'avenir n'est pas celui entre majorité et opposition au Conseil régional ou au Parlement, mais celui entre le grand patronat et la classe des exploités, et que seule la lutte collective des exploités peut inverser ce rapport des forces. Par cette conscience, cette minorité est susceptible de jouer un rôle important dans les grèves, les manifestations, les luttes à venir.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 mars