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Dans les entreprises
Caisses d'allocations familiales : Personnel et usagers traités comme des chiens
Le président du Conseil d'administration des Caisses d'allocations familiales, par ailleurs membre de la CFTC, vient d'adresser au ministre du Travail Xavier Darcos une lettre dont les médias ont fait état et qualifiée « d'ultime alarme ».
Cela fait des mois que la situation de la plupart des Caisses d'allocations familiales du pays est devenue intenable. La raison majeure, programmée depuis fort longtemps par la direction qui obéit aux directives du gouvernement, c'est le non remplacement d'une partie du personnel qui part à la retraite.
La charge de travail n'a cessé de s'aggraver, entraînant surmenage et stress parmi les employés et des retards et dysfonctionnements divers au détriment des usagers. À quoi s'est ajouté, dans la pagaille générale, un mauvais fonctionnement informatique momentané et des charges supplémentaires dues au fait que c'est aux CAF de payer le RSA, le revenu de solidarité active.
Pour se dédouaner, les directions des CAF ont mis en avant les errements de l'informatique ainsi que la crise qui, avec le RSA, augmente le nombre des usagers. Mais l'explication n'est que partielle : la vraie raison, c'est encore et toujours le manque de personnel.
Pour tenter d'y remédier, de nombreuses caisses ont fermé (et continuent de fermer) leurs guichets d'accueil une journée par semaine, sans que les usagers soient forcément prévenus, se heurtant ainsi à des portes closes. Durant ces journées de fermeture, tous les employés se mettent à traiter les dossiers en souffrance. Mais le retard est tellement énorme que cela revient à remplir un tonneau sans fond.
Il y a eu également à l'échelle du pays l'embauche de plusieurs centaines de CDD pour aider le personnel. Seulement la jungle des règlements est tellement complexe qu'il faut des mois de formation pour être vraiment au courant, alors que les CDD embauchés pour quelques mois (et même seulement deux mois en Seine-Saint-Denis !) sont, par la force des choses, pas ou peu formés... et ce sont souvent eux qui se retrouvent à l'accueil ou au téléphone... Enfin il y a les heures supplémentaires, souvent obligatoires.
Après avoir donc essayé toutes les prétendues panacées qui se sont révélées illusoires, comme on pouvait s'y attendre, on revient à la case départ avec des situations quelquefois effarantes.
À la Caisse de la tour Pleyel à Saint-Denis par exemple, il peut y avoir deux cents mètres et trois heures de queue avant de franchir l'entrée. Durant cette attente, pas la moindre chaise, notamment rien pour les handicapés (pas la moindre priorité) pour les femmes enceintes, alors que la CAF est censée s'occuper des familles. Et une fois franchie l'entrée, c'est reparti pour une heure d'attente supplémentaire, avec quelquefois des chaises...
À cela s'ajoute une multiplication des erreurs et par conséquent des usagers obligés de revenir dans cet enfer, des téléphones qui sonnent dans le vide ou dont la réponse est faite par des CDD pas vraiment au courant, dont le seul objectif, voulu par la direction, est de répondre le plus vite possible et dans la réalité de se débarrasser du « client ». Alors que pour beaucoup d'usagers les prestations de la CAF sont indispensables.
Cette situation rejoint, en pire peut-être, celle qui se trouve souvent dans les Pôles emploi ou aux guichets de certains bureaux de poste : des heures de queue, comme si les usagers n'avaient que cela à faire.
On pourrait en déduire que les dirigeants de ces institutions ne sont que des incapables. Mais ce sont surtout des gens qui obéissent aux ordres du gouvernement de restreindre le personnel pour faire des économies.
Économies sur le dos de la population, mais dont on sait qu'elles ne sont pas perdues pour tout le monde...