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- Lutte ouvrière n°2119
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Pfizer - Pocé-sur-Cisse (Indre-et-Loire) : En grève depuis le 26 février
Dès le départ en effet, la direction a fait montre d'un mépris qui ne fut pas pour rien dans la détermination des grévistes. Alors que la grève n'en était qu'à son deuxième jour, ce fut la proposition faite aux délégués syndicaux de s'en tenir là, d'oublier les revendications, en échange de quoi les deux jours de grève seraient payés. Au quatrième jour, mardi 3 mars, il y eut un ultimatum enjoignant aux grévistes d'arrêter tout immédiatement, contre la promesse de recevoir les syndicats le vendredi 6 mars. L'assemblée des grévistes répondit en votant la grève jusqu'au vendredi en question. Et puisque la CFDT, cédant au diktat, lâchait la grève, les grévistes élurent un comité de grève chargé de préparer les deux assemblées générales quotidiennes.
Le lâchage d'un syndicat, ajouté à l'hésitation de certains grévistes à poursuivre un conflit qui s'avérait devoir être long, fit que les grévistes se retrouvèrent les jours suivants à une centaine, quand ils avaient commencé la grève à 200 sur un effectif de 250 ouvriers et techniciens (et un effectif total de 580). Ils décidèrent alors de faire du 6 mars un « temps fort », appelant ceux qui avaient cessé la grève à les rejoindre, et s'adressant aux catégories jusqu'alors non touchées par le mouvement - travailleurs des laboratoires et employés en particulier. La présence de 160 grévistes au piquet de grève le 6 mars démontra que non seulement la grève n'avait pas perdu le soutien de ceux qui y avaient participé quelques jours, mais qu'elle avait su trouver des forces nouvelles. L'arrivée en groupe de travailleuses des laboratoires fit particulièrement chaud au coeur. Expliquant comment la direction et certains cadres faisaient de l'intox sur la prétendue « violence » des grévistes, elles promirent de se faire les défenseurs du mouvement dans leur secteur. Loin d'être un baroud d'honneur, cette journée réussie donna aux grévistes l'élan suffisant pour revoter la grève pour le lundi 9 mars.
La directrice proposa alors de recevoir les syndicats, mais à la condition expresse que la grève s'arrête. Le comité de grève répondit qu'il était prêt à discuter à tout moment des revendications, mais qu'il n'était pas question d'accepter cet ultimatum, pas plus que les précédents. Et il fut décidé de reconduire la grève pour le mardi 10 mars, jour où par ailleurs une action de grève est prévue sur le site Pfizer de la région parisienne, touché ces derniers mois par l'annonce de la suppression de nombreux postes de visiteurs médicaux. Comme le disait un tract signé du comité de grève soutenu par les syndicats CGT et FO : « Plus la situation s'enlise, plus la colère s'installe... Dans ce climat de défiance mutuel, les travailleurs ont voté la poursuite de la grève pour obtenir des garanties à la réunion prévue à 14 h 30 le 10 mars ».
Cette fois, pour têtue qu'elle soit, la patronne dut se résoudre à maintenir son rendez-vous, qui se tiendra sous l'oeil exigeant de grévistes qui en ont assez de lire sur le site de Pfizer que les patrons sont satisfaits de leur compétence et de leur dévouement et de constater que cela ne se traduit en rien sur le plan des salaires. Assez de voir la presse économique relater les « exploits » financiers d'un groupe qui en pleine crise multiplie les rachats - dont tout récemment celui de Wyeth - ou encore l'acquisition de droits sur des médicaments génériques tels ceux que Pfizer vient d'acheter au groupe indien Aurobindo Pharma, médicaments qui représentent, paraît-il, un marché de 270 millions de dollars, alors que la part des travailleurs, elle, ne cesse de se réduire.