Le Moyen Âge en plein XXIe siècle : Pour le Vatican «l'avortement est encore pire que le viol»...13/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2119.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Moyen Âge en plein XXIe siècle : Pour le Vatican «l'avortement est encore pire que le viol»...

L'a-t-il fait exprès ? En tout cas, c'est à la veille de la Journée internationale de la Femme que le Vatican a volé au secours de l'archevêque de Recife, au Brésil, qui venait d'excommunier une fillette de 9 ans. Cela parce qu'elle venait d'avorter. Dans la foulée, sa mère et toute l'équipe médicale ayant rendu possible cette interruption de grossesse ont également été excommuniées.

Cela semble fou, même s'il paraît que le droit canon (le droit ecclésiastique catholique) prévoit une excommunication automatique en pareilles circonstances. La décision de l'archevêque, soutenu publiquement par Rome, a provoqué la stupeur et l'indignation, y compris parmi de nombreux catholiques. Et c'est tant mieux !

Cette fillette avait été violée par son beau-père. Enceinte de jumeaux, elle risquait de ne pas survivre à ce drame. « C'est triste, mais il faut toujours sauver la vie » a osé déclarer le cardinal Re, préfet de la Congrégation pour les évêques et responsable de la Commission pontificale pour l'Amérique latine. Sauver la vie ? Celle de deux foetus, dont rien ne dit qu'ils seraient allés à terme en pareil cas, mais tant pis pour la vie de la gamine ! Car même si elle était devenue mère à la suite de viols répétés depuis l'âge de six ans, si elle avait pu survivre à pareil accouchement, de toute façon sa vie aurait été fichue.

D'ailleurs, qui peut imaginer sous quels auspices va se poursuivre une vie piétinée de telle façon. Mais, pour l'archevêque de Recife, que rien n'arrête puisqu'il dit vouloir poursuivre la mère pour homicide, « l'avortement est encore pire que le viol ». Et cet individu d'en rajouter dans l'ignominie, quand il déclare, cité par le quotidien catholique La Croix : « Certes ce qu'il [le beau-père violeur] a fait est horrible, mais il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l'élimination d'une vie innocente », ajoutant avoir noté que le beau-père violeur « était contre l'avortement ».

Faut-il en conclure que la morale - du moins celle professée par l'archevêque, et confirmée par le Vatican - est sauve ? En tout cas, si l'Église tenait à ce que nul n'ignore qu'elle défend les valeurs les plus rétrogrades, elle ne s'y prendrait pas autrement.

Partager