Explosion due au gaz à Mulhouse : Une « erreur tragique » ? Non ! le sacrifice volontaire de la sécurité13/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2119.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Explosion due au gaz à Mulhouse : Une « erreur tragique » ? Non ! le sacrifice volontaire de la sécurité

Dans le procès qui se déroule au sujet de l'explosion de gaz à Mulhouse de décembre 2004, l'actuel président de Gaz de France a déclaré qu'elle résultait d'une « erreur tragique ». Or il ne s'agit pas d'une erreur, mais bien de la conséquence d'une politique délibérée.

L'immeuble qui a été soufflé par l'explosion, causant la mort de 18 personnes, était alimenté en gaz par une conduite en fonte grise, un matériau rendu cassant au fil des ans et qui pouvait provoquer des fuites. Gaz de France le savait si bien qu'il s'était engagé à remplacer toutes ces canalisations avant la fin de l'an 2000. Mais il ne l'a pas fait.

Avant la catastrophe de Mulhouse, d'autres accidents s'étaient déjà produits, dont l'explosion d'un immeuble à Dijon en décembre 1999 qui avait fait 11 morts et 3 blessés. Pour l'explosion de Dijon, GDF qui a été reconnu responsable, a été condamné à une amende de... 204 500 euros, une misère après un tel désastre !

Aujourd'hui GDF reconnaît sa responsabilité dans l'explosion de Mulhouse et admet que la conduite aurait dû être remplacée. Mais il ne risque guère plus à Mulhouse qu'à Dijon, 250 000 euros d'amende en principe. Quant à son président de l'époque, Gadonneix, il n'exerce plus ses fonctions à GDF (devenu entre temps GDF-Suez). Il est devenu... le patron d'EDF.

Les parties civiles ont obtenu qu'il soit considéré comme prévenu, petite victoire morale qui n'aura guère de conséquence, puisque Gadonneix ne viendra même pas au procès et se fera représenter par ses avocats. Il a fait dire qu'il « ne pourrait pas assister à deux semaines d'audiences ». Evidemment les amples spéculations financières d'EDF lui prennent tout son temps !

Si GDF avait, comme promis, remplacé les canalisations de fonte grise dans les délais, l'explosion de Mulhouse et très probablement celle de Dijon auraient été évitées.

Mais GDF a beaucoup traîné. Selon la CGT, en 1992, la société a remplacé 1 600 kilomètres de fonte grise et 1 700 kilomètres en 1993. C'était un assez bon rythme qui a ralenti ensuite, passant à 900 kilomètres seulement en 1997 et à peine 700 kilomètres en 1999 (l'année de l'explosion de Dijon).

GDF manquait-elle d'argent ? Pas du tout ! Durant toute cette période la compagnie gazière s'est livrée à de grandes manoeuvres financières dans le Monopoly spéculatif mondial. L'argent, elle le consacrait à spéculer et elle a donc freiné sur la sécurité.

Le résultat, c'est que ce n'est qu'en 2007 que les fontes grises ont été définitivement remplacées... et encore n'en est-on pas tout à fait sûr, car il y a des imprécisions dans les plans du sous-sol, et il se pourrait bien qu'il en traîne encore quelques- unes ici ou là.

Quant au responsable en chef des catastrophes, Gadonneix, comme patron d'EDF, il explique aujourd'hui qu'on ne peut enterrer le réseau électrique car cela coûterait trop cher.

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