Accident à la sortie du Stade de France : Des supporters qui se sont fait piéger13/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2119.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accident à la sortie du Stade de France : Des supporters qui se sont fait piéger

L'accident du samedi soir 7 mars, à la sortie du Stade de France, où plusieurs spectateurs lillois se sont fait happer par un train sur une voie ferrée du RER a fait deux morts et plusieurs blessés.

À première vue on pourrait se dire qu'ils ont commis une grosse imprudence : on ne circule pas sur une voie ferrée, chacun sait que c'est dangereux.

Pourtant, à y regarder de plus près, les choses ne sont pas aussi simples et pour en arriver à cet accident, il y a toute une chaîne de responsabilités.

Tout d'abord il y a la conception de l'ensemble. L'un des architectes du Stade de France a rappelé que tout avait été conçu pour se rendre au Stade et en revenir, avec les transports en commun. Mais dans la réalité ceux-ci sont largement insuffisants. Les après-midi et soirs de matchs importants, tout le quartier du stade est embouteillé et parfois paralysé par la circulation.

Et puis, si les transports en commun sont plus ou moins utilisables par les habitants de l'Ile-de-France, en revanche pour les provinciaux qui viennent en autocars, il n'y a rien de prévu.

Tout le quartier a été enserré d'habitations, de magasins, de bureaux, chaque centimètre carré immobilier a été vendu fort cher, mais rien pour les autocars ! Or ce soir-là, pour le match Lille-PSG, il y avait 38 000 habitants du Nord qui étaient venus, et environ 350 cars. Ceux-ci ont déposé leurs passagers près du stade et sont allés ensuite se garer à environ un kilomètre et demi de là, à un endroit que les supporters n'avaient pas, ou mal, repéré.

Si le personnel d'encadrement de la manifestation ainsi que les policiers sont nombreux, pour guider les spectateurs vers le Stade, en revanche au retour la signalisation est quasiment inexistante. C'est chacun pour soi. Et comme les chauffeurs donnent une heure limite de départ, c'est tant pis pour les retardataires, il faut bien rentrer à Lille.

Aujourd'hui des responsables admettent que des gens « suivent les mouvements de foules et s'égarent régulièrement ». Mais généralement cela ne se termine pas de manière tragique comme cette fois-ci.

Le groupe de supporters s'est donc retrouvé à la fin du match dans un secteur non éclairé et absolument pas fléché. Ils ont manqué la rue qui aurait dû les conduire à leur car en stationnement.

C'est alors qu'ils ont aperçu un pont qui enjambe le canal, avec les cars stationnés de l'autre côté. Il leur fallait franchir une grille, grimper un escalier et traverser le pont. Et d'en bas, la nuit, on ne voit pas nécessairement qu'il s'agit d'un pont de chemin de fer.

Il se trouve qu'une porte donnant sur l'escalier était ouverte. La SNCF prétend que cette porte, normalement fermée, avait été forcée. C'est possible. Il est même possible que des jeunes du quartier utilisent habituellement ce passage.

Quoi qu'il en soit, les supporters sont montés sur le pont. Et c'est là, sans doute, qu'ils ont compris qu'ils étaient sur une voie ferrée.

Ce sont toutes ces carences, toutes ces insuffisances qui mises bout à bout sont l'origine de cet accident.

Elles sont à l'image de notre société où l'on a dépensé des centaines de millions pour faire un stade et tout un quartier, et où on se désintéresse du sort des gens qu'on laisse se débrouiller comme ils peuvent et parfois à leurs risques et périls.

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