Sortie du film Welcome : La politique xénophobe du gouvernement sur grand écran13/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2119.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sortie du film Welcome : La politique xénophobe du gouvernement sur grand écran

Le film Welcome de Philippe Lioret raconte l'histoire dramatique d'un jeune Kurde prêt à tout pour rejoindre sa fiancée à Londres, aidé par un maître-nageur.

Ce film montre la situation effroyable que vivent des centaines de réfugiés essayant, depuis Calais, de traverser le détroit de la Manche et l'aide humanitaire que des bénévoles tentent de leur apporter. C'est cela qui gène le gouvernement.

Aussi, suite aux déclarations du réalisateur et de l'acteur Vincent Lindon, exprimant leur colère contre les rafles dont ils ont été témoins et leur indignation sur l'existence de lois condamnant tout geste de solidarité, Éric Besson, le ministre de l'Immigration, prétendant que la loi n'est là que pour lutter contre les filières mafieuses, a déclaré : « Suggérer que la police française c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable. »

C'est pourtant là la vérité. Des compagnies de CRS traquent et raflent jour et nuit les immigrants qui se cachent dans les bois et les fourrés pour tenter de les renvoyer en Irak ou au Soudan. Des préfets interdisent l'organisation de tous services d'assistances, d'hygiène et de soins. Le nouveau code sur le séjour des étrangers, établi en 2005 reprend des ordonnances datant de 1945 et menace de punir dans son article L 622-1 : « d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 euros, toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France ». Cet article vise précisément les personnes qui, par compassion, aident un exilé. Et contrairement à ce que soutient Besson, ce sont d'autres articles qui prévoient la répression des filières mafieuses.

Dernièrement, dans le Pas-de-Calais, trois personnes solidaires des exilés ont été arrêtées et interrogées par la police aux frontières sur commission rogatoire d'un juge d'instruction. L'une d'elles, près de Béthune, a été interpellée à son domicile, qui a été perquisitionné. Elle a été placée dix heures en garde à vue. La police lui a reproché de fournir de la nourriture et de recharger les téléphones portables d'une vingtaine d'Érythréens qui se cachent dans une forêt proche de son domicile.

Toujours dans le Pas-de-Calais, Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam, de Calais, doit comparaître au tribunal de grande instance de Boulogne le 18 mars pour des prétendus outrages à l'encontre de CRS. Ces mesures et poursuites judiciaires visent à criminaliser et intimider les bénévoles qui aident des sans-papiers. Cette loi réprimant la solidarité a déjà été appliquée, en particulier envers des passagers d'avions protestant contre des expulsions forcées, les condamnant à de fortes amendes et des peines de prisons avec sursis.

Lors de sa prise de fonction au ministère de l'Immigration, Besson était venu dans le Calaisis pour affirmer qu'il y poursuivrait la chasse aux réfugiés, mais aussi pour recevoir les associations humanitaires, et de déclarer la main sur le coeur : « Elles ont raison d'appeler l'attention des pouvoirs publics sur des situations individuelles dramatiques. »

Aussi, on comprend maintenant sa hargne. Il en veut aux auteurs de Welcome, car c'est sur grand écran, que ce film illustre ses mensonges et la politique xénophobe et inhumaine dont il est le représentant au gouvernement.

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