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- Lutte ouvrière n°2119
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États-Unis : Quatrième sauvetage de l'assureur AIG, l'argent public coule à flots pour sauver la mise des plus riches
Pourtant en septembre dernier, AIG avait déjà été « sauvé » par la FED, la banque centrale américaine, qui lui avait accordé 85 milliards de dollars. À l'époque, ceux qui avaient organisé le sauvetage n'étaient autres que Geithner, l'actuel ministre des Finances d'Obama, et Bernanke, le président de la FED.
Le scandale avait été grand lorsqu'on avait appris qu'une semaine après avoir reçu cette manne d'argent public, les dirigeants de l'entreprise avaient dépensé près d'un demi-million de dollars pour un séjour huppé d'une semaine dans une station balnéaire de Californie. Le Washington Post avait publié la note de frais : près de 200 000 dollars pour les chambres, 150 000 dollars de repas, 23 000 dollars de remise en forme... Et la semaine suivante ils dépensaient encore des sommes folles pour une partie de chasse en Angleterre !
Mais surtout l'argent a été englouti en quelques semaines dans des opérations spéculatives qui n'ont en rien permis de redresser la situation, bien au contraire. Car cet assureur fait des affaires dans toutes les branches de la finance, aussi bien dans les prêts immobiliers risqués, les subprimes, que dans la spéculation sur les produits dérivés ou dans la création de produits financiers à haut risque.
Cela n'a pas empêché le gouvernement Bush de sauver AIG une deuxième, puis une troisième fois. En tout, ce sont 150 milliards de dollars d'argent public qui lui ont été accordés en 2008. Le président de la FED vient de qualifier AIG de « fonds spéculatif... qui s'est livré à un nombre considérable de paris irresponsables ».
Aujourd'hui c'est le gouvernement Obama qui décide un quatrième plan de sauvetage de 30 milliards de dollars comptant. De plus, le gouvernement a renoncé à tout dividende sur les actions préférentielles qu'il a achetées, il a réduit le taux d'intérêt de ses prêts et il a accepté, en guise de paiement d'une partie de la dette, des actions de l'entreprise. Tout cela représente encore cinq milliards de dollars de cadeaux supplémentaires. Enfin, un cinquième plan de sauvetage n'est pas exclu !
L'argument utilisé pour déverser ces flots d'argent public, c'est que AIG est trop gros pour s'effondrer : il entraînerait tout le système financier mondial avec lui. Les autorités expliquent qu'il s'agit de garantir les droits des millions de gens qui ont souscrit une police d'assurances, qu'il faut maintenir à flots les fonds de pension des retraités, qu'il ne faut pas abandonner les municipalités qui ont traité avec l'assureur, etc. Toutes paroles plus mensongères les unes que les autres. L'argent versé n'a pas rendu la situation des assurés ou des retraités plus sûre et cet argent public est tout simplement englouti pour le profit de quelques-uns. Cela ne sauvera même pas les emplois car l'objectif du plan de sauvetage est, paraît-il, d'aider AIG à « maigrir » et à se séparer d'une partie de ses activités. Cela veut dire un véritable massacre des emplois.
Certains commentateurs estiment aujourd'hui les pertes potentielles de l'assureur à 450 milliards de dollars. C'est dire la profondeur du gouffre.
Il s'agit donc d'une belle continuité dans la façon qu'ont les gouvernements - de Bush à Obama - de mettre l'argent public à l'entière disposition des riches spéculateurs au détriment de toute la population laborieuse.