États-Unis - Le plan de sauvetage des emprunts immobiliers : De l'argent pour les banques, pas pour les emprunteurs13/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2119.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - Le plan de sauvetage des emprunts immobiliers : De l'argent pour les banques, pas pour les emprunteurs

Obama a annoncé, le 18 février, un plan de sauvetage de l'immobilier d'un montant de 275 milliards de dollars. 200 milliards de dollars iront directement dans les caisses de Fannie Mae et Freddy Mac, les deux principaux organismes de refinancement et de garantie des prêts immobiliers, déjà largement aidés mais qui sont à nouveau dans le rouge. Les 75 milliards restants doivent servir « directement » à permettre aux propriétaires d'éviter la saisie de leur maison. En fait il s'agit de donner de l'argent aux prêteurs - et pas aux emprunteurs - pour qu'ils acceptent un refinancement des prêts. L'article ci-dessous est la traduction d'un article du bimensuel trotskyste américain Spark.

Le plan d'Obama concernant les emprunts immobiliers est présenté comme une aubaine pour les propriétaires qui risquent de perdre leur maison. Mais en fait, c'est une bénédiction pour les banques qui ont placé des prêts immobiliers par l'intermédiaire de Fannie Mae et Freddie Mac.

Le plan « incite » les organismes de prêts immobiliers à renégocier leurs prêts. Comment ? En leur donnant de l'argent, bien sûr ! Ils recevront 1 000 dollars pour un simple rendez-vous avec un emprunteur correspondant aux critères définis par le plan, et 1 000 autres dollars chaque année pendant cinq ans pour tout prêt qui aura été renégocié. Il y a environ quatre millions d'emprunts immobiliers susceptibles d'être concernés par ces renégociations, ce qui fait 24 milliards de dollars pour les organismes en question - s'ils acceptent simplement de prendre un peu moins vite l'argent des emprunteurs. Et la somme peut être doublée dans la plupart des cas.

Mais il n'y a pas du tout d'argent pour les propriétaires qui risquent la saisie de leur maison. En fait le plan ne fait faire aucune économie aux emprunteurs. Même si la valeur de la maison est devenue inférieure au montant du prêt, ils devront toujours s'acquitter du prix d'origine. Certes leur taux d'intérêt sera moindre, mais comme ils devront payer plus longtemps, les intérêts continueront à se cumuler. Les propriétaires auront deux options à la fin de cette période de trois ou quatre ans : payer d'un coup le reliquat ou voir leur taux d'intérêt revenir à ce qu'il était avant la renégociation ! Et ces emprunteurs seront à nouveau piégés par un endettement croissant !

Obama se justifie en prétendant que d'ici là le marché de l'immobilier aura rebondi et que les prix de l'immobilier seront à nouveau en hausse. Vraiment ? Et si ce n'est pas le cas ? Ces prix étaient déjà considérablement gonflés par la bulle spéculative de l'immobilier créée d'abord par les banques et leurs scandaleux prêts à taux variable.

Mais pourquoi donner de l'argent aux banques qui ont créé le problème et pas aux emprunteurs qui ont été piégés ? Obama a déclaré qu'il ne voulait pas « aller au secours de ceux qui n'ont pas de scrupules ou qui sont irresponsables ».

Quel baratin ! Ce sont justement ceux-là qui sont sauvés par ce plan : les prêteurs sans scrupule qui ont escroqué les gens. Et il blâme et punit ceux qui ont été dupés par ces escrocs.

Si l'on voulait vraiment se débarrasser de ces emprunts pourris qui détruisent toute l'économie, il suffirait d'ANNULER les prêts : ne pas donner un sou aux responsables de la catastrophe - les banquiers et les investisseurs qui ont frauduleusement gonflé le prix des maisons et les courtiers obséquieux qui ont fait accepter des prêts immobiliers assortis de taux d'intérêts explosifs mais dissimulés, à des personnes dont ils savaient qu'elles ne pourraient pas payer. Ce sont les criminels qu'il faut faire payer, pas les victimes de cette escroquerie !

Le plan d'Obama n'est rien d'autre qu'un cadeau aux organismes de prêts immobiliers - un moyen de faire marcher les emprunteurs. Si cela réussit, cela ne fera que créer une nouvelle bulle immobilière.

Une fois que les banques auront touché l'argent, les propriétaires devront payer les pots cassés - encore une fois.

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