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- Lutte ouvrière n°2119
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Sénégal : Il y a des moyens pour le biocarburant, mais pas pour la production vivrière
Pendant que la production vivrière locale est totalement négligée par le gouvernement, celui-ci s'est lancé dans la production massive de biocarburant. Commencé au début de 2007, le « programme national de culture de jatropha » (plante dont on extrait une huile pouvant servir de carburant) prévoit de couvrir 320 000 hectares d'ici 2012.
Face aux inquiétudes des associations paysannes ainsi que des ONG dénonçant ce projet qui va se faire au détriment de la production vivrière, le gouvernement s'est empressé de dire que « le Sénégal dispose de beaucoup de terres dégradées qui ne sont utilisées par aucune culture et sur lesquelles on va faire du biocarburant ». Mais la vérité est tout autre. La jatropha a déjà commencé à être cultivée sur des terres arables, dans le nord et le sud du pays, notamment là où l'essentiel de la production nationale de riz est cultivée. Quand on sait que le Sénégal importe les trois quarts de sa consommation de riz, cela ne fera qu'accroître le déficit de la production vivrière locale.
La Compagnie sucrière sénégalaise appartenant au richissime Libanais Mimram, qui a le monopole de la production sucrière du pays depuis l'époque de Senghor, s'est lancée elle aussi dans la production de l'éthanol (produit à partir de la canne à sucre) depuis fin 2007. Et tout dernièrement le gouvernement sénégalais vient de céder 40 000 hectares de terres le long du fleuve Sénégal à un milliardaire nigérian pour y cultiver de la canne.
Des moyens techniques et financiers vont être mis en oeuvre pour que toutes ces terres soient irriguées(...). Mais loin d'être utilisées pour satisfaire les besoins de la population, elles ne feront qu'enrichir les grands capitalistes au détriment de la petite paysannerie.
Le propre du système capitaliste est de ne produire que là où cela rapporte le plus de profit, et peu importe si cela se traduit par plus de misère pour les populations. Actuellement ces capitalistes voient dans la production du biocarburant une marge de profit plus alléchante que dans d'autres secteurs de production. Alors ils s'y lancent, avec la bénédiction et les encouragements du gouvernement sénégalais qui espère, lui, toucher quelques retombées sous forme de taxes par exemple, sans compter les bakchichs qui iront directement dans les poches de quelques margoulins du régime.