Allemagne - Volkswagen : Le syndicat cède, sans combat10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne - Volkswagen : Le syndicat cède, sans combat

En Allemagne, c'est finalement sans engager la grève qu'il promettait de déclencher que le syndicat IGMetall a conclu un accord, mercredi 3 novembre, avec la direction de Volkswagen. Une fois de plus, le scénario habituel s'est produit. Le patron a fait un énorme chantage à l'emploi (dans le cas présent, il menaçait de licencier 30000 salariés!). Le syndicat a fait semblant d'y croire et a négocié pour "sauver les emplois". Et il a finalement accepté (quasiment) tout ce que le patron exigeait: un gel des salaires jusqu'à la fin janvier 2007.

Pour faire passer la pilule, la direction a juste concédé le versement d'une prime exceptionnelle de 1000 euros en mars 2005. Pour un salaire ouvrier moyen, cela correspond à une augmentation inférieure à 1,5%... pour 28 mois.

L'IG Metall a également accepté une plus grande flexibilité dans le recours aux heures supplémentaires (désormais autorisées jusqu'à 400 heures par salarié). Quant aux nouveaux embauchés, ils ne bénéficieront plus de l'accord d'entreprise en matière de salaire, et seront payés environ 20% moins cher. En contrepartie la direction s'est engagée à ce qu'il n'y ait pas de licenciements secs d'ici la fin 2011. Cela ne l'empêchera nullement de remettre en cause cette promesse si elle l'estime nécessaire. D'ailleurs une clause de l'accord prévoit explicitement la possibilité de le dénoncer.

Harmut Meine, qui a négocié cet accord au nom du syndicat, a reconnu que Volkswagen serait désormais l'entreprise automobile allemande disposant de la plus grande flexibilité en matière d'horaires de travail. Mais cela ne l'a pas empêché de déclarer également qu'il s'agissait d'un "compromis honnête". Il est vrai que les bureaucrates syndicaux sont passés maîtres dans l'art de faire prendre des capitulations pour des avancées. C'est dramatique pour les travailleurs concernés, mais aussi bien au-delà. Car, étant donné le poids de Volkswagen, il s'agit d'un encouragement, pour l'ensemble du patronat, à multiplier les attaques. C'est d'ailleurs le cas chez Porsche, pourtant le plus rentable des constructeurs allemands, qui veut s'attaquer à la pause de cinq minutes par heure garantie par la convention collective de la métallurgie du Bade-Wurtemberg, où il est essentiellement implanté.

Il est certes difficile de savoir si les travailleurs de Volkswagen, qui avaient répondu massivement aux débrayages "d'avertissement" organisés par le syndicat, en particulier à Wolfsburg -avec plus de 50000 salariés c'est le plus grand site industriel d'Allemagne- étaient prêts à aller plus loin. Ce qui est sûr, c'est que l'IG Metall s'est bien gardé de leur demander leur avis. Ce syndicat ne sait organiser un vote que pour faire reprendre le travail comme cela s'est passé récemment chez Opel. Il n'a pas non plus contesté les mensonges patronaux sur les "difficultés" de l'entreprise.

Il faut tout de même rappeler que Volkswagen a réalisé, sur les six dernières années, plus de 11 milliards d'euros de bénéfices. Dans ces conditions, à quoi sert la force affichée de l'IG Metall (qui annonce organiser 97% du personnel de Volkswagen)? Pour se défendre, les travailleurs ne peuvent pas compter sur de tels représentants.

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