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Dans les entreprises
Clariant - Huningue(Haut-Rhin) : Des réactions contre la chimie du profit
Le groupe chimiste Clariant compte supprimer au niveau mondial 4000 de ses 26000 emplois, dont plusieurs centaines en France. À Huningue, près de Mulhouse, même si les chiffres ne sont pas encore officiellement connus, une centaine sur les 470 emplois du site sont menacés. Cela, alors qu'il manque déjà du personnel et que les conditions de travail se dégradent. Un accident grave vient d'ailleurs d'avoir lieu.
Pour préparer son plan, la direction a entamé des discussions visant à obtenir un "accord de méthode", autrement dit l'accord des syndicats pour supprimer en douceur les emplois. Elle a évoqué les mesures d'accompagnement qu'elle envisage de mettre en route pour licencier. Il y a bien la mise en place d'une cellule de reclassement (la même que celle qui a sévi chez Daewoo en Lorraine, on a les références qu'on peut) mais les quelques petites mesures "accordées" risquent d'être réduites à rien. Ainsi il est prévu trois mois de préavis de licenciement: ils serviront en fait à financer le congé de conversion pour ceux qui le choisiraient ou, pour ceux qui le refuseraient, à assurer le quotidien étant donné le délai de carence de 75 jours prévu par les Assedic.
Les intentions du patron connues, plusieurs dizaines de travailleurs se sont réunis à l'initiative de la CGT (le syndicat majoritaire dans l'entreprise). Alors que le chômage grimpe en flèche en Alsace, le refus des licenciements a fait l'unanimité. Mais s'il ne devait s'en produire qu'un seul, des revendications sont mises en avant et, en particulier, le maintien à 100% du salaire actuel pendant toute la durée de la préretraite et pour toutes les catégories, ainsi qu'une indemnité de licenciement de 75000 euros, non imposable ni soumise à cotisation, ou un emploi en CDI dans des conditions de travail et de salaire acceptables pour tous.
Une journée de grève a été décidée. Le 4 novembre, nous nous sommes retrouvés à près d'une centaine, c'est-à-dire la majorité des salariés de production, devant l'usine, dès cinq heures du matin, pour nous adresser aux travailleurs qui rentraient. Deux assemblées générales se sont tenues dans la journée. Là, il fut décidé de remettre cela le mardi 9novembre. Puis, lors d'un comité d'établissement extraordinaire, sans doute dans l'espoir de nous démobiliser, la direction a déclaré que les annonces de licenciements étaient reculées au premier trimestre 2005. Mais la grève organisée le 9 a été malgré tout de la même ampleur que la précédente. Et, en plus, nos camarades de Clariant-LSM à Agen ont débrayé en même temps que nous car tous les sites de Clariant sont visés.
Il n'est pas question d'accepter ces licenciements. Clariant est un gros trust, créé à l'origine par la fusion de la partie chimie des groupes pharmaceutiques suisses Sandoz et Ciba, qui a repris ensuite la chimie de Hoechst.
Comme tous les industriels de ce secteur, Clariant se prétend en perte. Mais ils ne manquent pas de culot! Ce sont ces directions qui ont choisi de mettre de côté, il y a quelques années, le morceau le plus rentable de ces groupes, la pharmacie, une des branches industrielles les plus prospères de l'économie capitaliste.
D'ailleurs, malgré toutes leurs jérémiades, Clariant a renoué avec les bénéfices: 72 millions de francs suisses rien que pour le premier trimestre 2004. Sans parler de 1,4 milliard que Clariant va donner aux banques pour se désendetter. Si Clariant a de quoi rembourser les banquiers, il ne doit pas oublier la dette qu'il a vis-à-vis du personnel. En tout cas, nous comptons bien le lui rappeler.