Guadeloupe : Michel Madassamy libéré10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe : Michel Madassamy libéré

En Guadeloupe, Michel Madassamy, l'un des dirigeants du syndicat nationaliste UGTG, condamné à plusieurs mois de prison ferme pour des faits relatifs à des manifestations et à des conflits du travail, et incarcéré depuis le 4 octobre, a été libéré. Sa peine a été suspendue pour deux mois pour raisons de santé (il avait entamé une grève de la faim depuis son incarcération et, vu son état, il avait été récemment transféré dans une chambre carcérale au CHU de Pointe-à-Pitre). Le procureur a refusé de faire appel du jugement.

C'est une victoire, un succès de la mobilisation et de la détermination de tous ceux qui réclamaient sa libération, et qui plus généralement dénoncent la répression judiciaire qui, dans l'île, s'attaque de plus en plus aux militants syndicalistes et aux travailleurs combatifs. Plusieurs d'entre eux ont ainsi été récemment condamnés à des peines de prison (avec ou sans sursis) et à de très fortes amendes (plusieurs milliers d'euros à chaque fois).

Vendredi 5 novembre, deux mille personnes, en grande majorité des travailleurs, avaient défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre en attente du jugement de Madassamy. La veille, devant le siège de l'UGTG, un meeting avait rassemblé au moins 500personnes. Et les grèves s'étendaient. Les travailleurs CGTG de la banane, en grève du 24 août au 26 octobre, avaient donné l'exemple. Les municipalités, le port étaient bloqués ainsi que la Colas, Bata. Les travailleurs des entreprises comme Renault, les hôtels, l'ANPE et de nombreux autres se sont mis en grève jeudi 4 et vendredi 5 novembre à l'appel de l'UGTG.

Quinze jours avant, une émeute avait éclaté à Pointe-à-Pitre à l'issue d'une manifestation pour réclamer la libération de Madassamy. La colère des militants, des travailleurs, des jeunes s'était exprimée violemment dans la rue après les provocations policières et face à ce qu'ils ressentaient comme une profonde injustice faite à Madassamy, très déterminé dans sa grève de la faim. Il est sûr que si Madassamy n'avait pas été libéré, la colère aurait de nouveau explosé dans les rues de Pointe-à-Pitre et les conséquences auraient pu en être très lourdes.

La libération de Madassamy est la preuve vivante qu'avec une détermination sans faille, une mobilisation générale, la menace d'un blocage général de l'économie, il est possible de faire reculer la justice et le pouvoir. Il est aussi possible de faire reculer les patrons, car dans de nombreuses entreprises les travailleurs ayant démarré la grève pour Madassamy ont aussi posé leurs propres revendications et ont obtenu ou obtiendront satisfaction. C'est le cas aux Ciments Antillais, à la ferme de Campêche. Ce sera le cas à la Colas, sur le port de Jarry, dans les municipalités.

La lutte doit continuer pour obtenir la libération des cinq travailleurs et jeunes condamnés à des peines allant de un à quatre mois de prison et des trois mis en détention préventive suite à l'émeute du 23 octobre, la libération définitive de Madassamy, l'arrêt des poursuites contre tous les militants syndicaux par la justice, l'annulation des amendes énormes auxquels sont condamnées la CGTG et l'UGTG, l'arrêt de toute interpellation ou poursuite à l'encontre de Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG qui a été détenu pendant une journée à la gendarmerie de Capesterre le jeudi 4 novembre!

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