Wolber-Michelin - Soissons (02) : L'usine a fermé, mais Michelin devra payer... un jour peut-être !10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Wolber-Michelin - Soissons (02) : L'usine a fermé, mais Michelin devra payer... un jour peut-être !

Le conseil des prud'hommes de Soissons a jugé vendredi5 novembre que la procédure de licenciement des salariés de l'usine Wolber de la ville, effective fin 1999, était illicite. En conséquence, les licenciements sont nuls, les contrats sont considérés n'avoir jamais été rompus, et des sommes de 40000 à 60000 euros sont accordées à chaque salarié, au titre des salaires perdus depuis leur licenciement.

De plus -et c'est assez exceptionnel dans ce genre de jugement- les Prud'hommes exigent la réintégration effective des non-licenciés.

Le problème, c'est que l'usine de Soissons, qui appartenait à la société Wolber, filiale du groupe Michelin... n'existe plus. En effet, la fermeture totale du site de Soissons, où étaient fabriqués des pneus pour cycles, avait été décidé dans le cadre d'un plan de restructuration annoncé en juillet 1999, où Michelin avait annoncé une diminution de 10% de ses effectifs européens, soit la suppression de 7500 postes. En quelques mois, les machines récentes avaient été déménagées dans une autre usine Michelin, à New Delhi en Inde, d'autres machines avaient été vendues aux enchères, et l'usine elle-même avait été rasée. En décembre 1999, les 451 salariés de Wolber avaient tous été jetés au chômage.

Mais la justice a considéré que les patrons de Michelin n'avaient pas respecté les règles et la loi en matière de licenciement collectif. Les Prud'hommes de Soissons ont relevé des irrégularités dans la procédure de consultation du comité d'entreprise, l'insuffisance du plan social et l'absence de cause économique. En conséquence de l'annulation des licenciements, les juges prud'homaux demandent la réintégration matérielle des intéressés, en invitant la société Wolber (qui existe formellement encore) à négocier avec les syndicats, avant la fin de l'année, des modalités de la réintégration des salariés dans des entreprises du groupe Michelin.

Évidemment, le groupe Michelin a encore bien des possibilités juridiques, appel ou cassation, de ne pas appliquer ce jugement. Et le temps jouera toujours en sa faveur, car bien évidemment, Michelin n'est pas pressé. Ses profits n'ont pas diminué. En revanche, les ex-travailleurs de Wolber n'en peuvent plus d'attendre. Aujourd'hui, deux tiers des licenciés de 1999, d'après la CGT, n'ont toujours pas retrouvé de travail ni les moyens leur permettant de vivre décemment.

Que le tribunal des prud'hommes reconnaisse, leur licenciement étant illégal et totalement injustifié, que leur employeur est toujours leur employeur et doit leur verser leurs salaires est vraiment la moindre des choses.

Mais cela ne dit pas quand ils les toucheront, s'ils les touchent un jour!

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