États-Unis : Bush renforcé dans sa politique guerrière10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Bush renforcé dans sa politique guerrière

À la suite des élections du 2 novembre, George W. Bush a donc été réélu à la présidence des États-Unis en bénéficiant d'une large avance sur son adversaire démocrate. Le suffrage universel indirect lui a donné 274 grands électeurs, contre 252 à John Kerry. Mais surtout, avec 51,1% des votants, il le devance de 3,5 millions de voix. Les Républicains augmentent aussi leur nombre d'élus tant au Sénat, où ils passent de 51 à 55 élus, qu'à la Chambre des Représentants, en obtenant 231 sièges contre 201 aux Démocrates.

Le "mal élu" de novembre 2000 (Bush avait alors obtenu quelques centaines de voix de moins que le démocrate AlGore) a notablement accru en quatre ans son soutien populaire, surtout parmi les couches rurales et les États traditionnellement conservateurs, où sa campagne axée sur la défense des "valeurs morales", telles que la défense de la religion ou son opposition à l'avortement, lui a très certainement rapporté des voix.

Mais les gains électoraux de Bush sont certainement liés aussi et surtout à la politique guerrière que mènent les États-Unis, en Afghanistan et en Irak, sous prétexte de "lutte contre le terrorisme". Pendant sa campagne électorale, il a insisté sur le fait que le pays était en guerre, et, faisant référence aux réélections de Roosevelt pendant la Seconde Guerre mondiale, il a affirmé que tout changement dans ces conditions serait risqué, et que son adversaire Kerry était bien moins capable que lui de mener la guerre en Irak.

Ce sont les attentats du 11septembre qui lui ont permis de se constituer vis-à-vis de la population américaine une légitimité qui était jusqu'alors contestée. Pour la première fois, les Américains voyaient un acte de guerre spectaculaire se produire sur leur territoire alors que, depuis leur indépendance au 18esiècle, ils avaient été épargnés par les guerres entre États. Mais en voulant frapper ainsi la puissance américaine, qui plus est d'une façon particulièrement atroce et meurtrière pour des milliers de simples employés travaillant dans les tours jumelles, les auteurs de l'attentat ont surtout contribué à affermir politiquement les tenants d'une politique guerrière, à commencer par Bush. Sa légitimité sort encore renforcée de ces élections et cela va lui laisser les mains libres pour poursuivre, voire intensifier, la guerre en Irak.

Bush a annoncé que la lutte contre le terrorisme restait sa "première priorité" et, dans ce but, il entend demander au Congrès une rallonge budgétaire (qui pourrait être de 80milliards de dollars à ajouter aux 123 milliards déjà votés depuis 2003) pour la guerre en Irak. De même, il a réaffirmé que le nombre de soldats présents en Irak sera de 125000hommes en janvier, au moment des élections, tout en assurant les généraux qu'ils auront les troupes qu'ils demanderont; des renforts ont d'ailleurs déjà été envoyés, et d'autres suivront sans doute.

Cette politique d'intervention militaire ne mettra pas les États-Unis à l'abri du terrorisme. Au contraire, chaque victime, chaque destruction causée par les troupes alliées, principalement américaines, en Irak ou en Afghanistan, ne peuvent que susciter de nouvelles haines et faire craindre d'autres attentats aux États-Unis ou dans les pays de la coalition. Mais d'un autre côté, la politique de terrorisme aveugle pratiquée par des individus qui, comme Ben Laden, prétendent défendre les peuples arabes, conduit au contraire à renforcer le pouvoir des politiciens réactionnaires et bellicistes. En leur donnant dans la population un appui qu'ils n'avaient pas, ils leur permettent de justifier, au nom de la sécurité des États-Unis, une politique qui n'est rien d'autre qu'une politique de brigandage pour s'approprier, par les armes, les richesses d'autres pays.

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