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Algérie : La situation économique et les responsabilités de l'impérialisme français
"Après cinq ans de Bouteflika1, l'Algérie ne s'est attaquée ni au chômage de masse, ni à la corruption systémique, ni à la misère qui s'étend, ni à la faillite d'un État miné par le clientélisme et l'affairisme. Dans les cinq ans à venir Bouteflika 2 s'y attaquera-t-il ainsi qu'au système qui en est la cause, mais dont il est l'émanation?" Telle est la question posée le 10 avril par l'éditorialiste de Libération. Elle est à l'image de bien des commentaires de journalistes sur la situation économique de l'Algérie aujourd'hui. La corruption de l'État, le clientélisme et les "erreurs" des dirigeants algériens sont montrés du doigt, mais les responsabilités de l'impérialisme, et de l'impérialisme français en particulier, sont oubliées.
La misère dans laquelle la population algérienne se débat ne découle pourtant pas seulement de la corruption de ses couches dirigeantes ni du système économique étatisé qui a été celui de l'Algérie d'après l'indépendance. Ce serait d'abord oublier le pillage effectué durant les 132 années de colonisation au profit de la bourgeoisie française! Ce serait oublier la poursuite de ce pillage après sept ans et demi d'une guerre imposée par l'État français au peuple algérien dans l'Algérie, devenue politiquement indépendante, mais toujours dépendante sur le plan économique de l'ancienne puissance colonisatrice!
Si depuis, d'autres puissances impérialistes se sont intéressées aux richesses de l'Algérie, la France est restée le premier client, le premier fournisseur (le quart du marché) et le premier usurier de l'Algérie. L'impérialisme français, c'est-à-dire ses capitalistes et ses banquiers, est en effet le premier bénéficiaire de l'endettement de l'Algérie.
Cependant, selon la presse économique, l'Algérie qui était au bord du marasme économique et de la banqueroute dans les années 1980 aurait maintenant redressé la situation. En effet, le poids de la dette extérieure en proportion du produit intérieur brut, (PIB), autrement dit de la richesse du pays, a diminué. Il est passé de 58,9% en 1999 à 42% en 2002. Cela s'appuie sur l'augmentation des revenus de l'État algérien à l'exportation, elle-même conséquence de l'augmentation des prix du pétrole, principale ressource de l'Algérie (95% de ses recettes à l'exportation).
Si amélioration il y a, elle est donc très relative, et de toute manière conditionnée par les variations des cours du pétrole. Cette amélioration profite d'ailleurs surtout aux multinationales des pays riches, pétrolières notamment, de Total à British Pétroleum, qui s'accaparent la production d'hydrocarbures pour près du tiers des ressources du pays.
La dette extérieure, elle, reste très lourde. Elle enrichit les banques des pays impérialistes qui en encaissent les intérêts tandis que la population algérienne, elle, ne voit aucune amélioration. La misère augmente. Le taux de chômage avoisine les 30% de la population active (selon les chiffres officiels, donc certainement bien plus dans la réalité) dont 50% chez les jeunes. Les privatisations - ce que les commentateurs appellent la "modernisation" de l'économie- se sont accélérées et les suppressions d'emplois qui en sont la conséquence se chiffrent pas centaines de milliers. Les prix des produits alimentaires augmentent sans cesse, ainsi que ceux des loyers du gaz. Le kilo de viande coûtait en 1997 le dixième du smic algérien.
Les classes populaires paient une politique exécutée par les dirigeants algériens, mais dictée par l'impérialisme, et que celui-ci entend continuer à dicter. "Il nous revient de poursuivre ensemble la construction d'un partenariat d'exception", a précisé Chirac à Bouteflika, juste après sa réélection, dans un message de félicitations. Cela ne signifie pas autre chose que la continuation du pillage du pays.