Génocide au Rwanda : La France responsable et coupable16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Génocide au Rwanda : La France responsable et coupable

La cérémonie commémorative à Kigali, capitale du pays, du dixième anniversaire du génocide au Rwanda, a été marquée par la mise en cause ouverte de la responsabilité directe de la France, par le chef de l'État rwandais, Kagamé. Mais dix ans après ce gigantesque massacre qui fit au bas mot entre 800000 et un million de morts, une discussion oiseuse, hypocrite, choquante s'est poursuivie dans la presse et dans les milieux politiques français à propos de cette responsabilité.

Commentateurs et politiciens continuent à s'interroger gravement pour savoir s'il est juste de prétendre que la France peut être impliquée dans l'attentat contre le dictateur Habyarimana. Comme si la question se posait à ce niveau! Car personne n'ose contester le rôle de la France, présidée par Mitterrand, dans l'armement et l'instruction de l'armée rwandaise qui fut l'instrument de ce massacre. Personne ne conteste la déclaration pour le moins désinvolte, méprisante et à la limite du racisme de Mitterrand qui a osé dire que "dans ces pays-là, un génocide n'est pas trop important". C'était en juillet 1994, le sang des victimes n'avait pas encore séché. Le cynisme de Mitterrand est éloquent.

En 1998, une commission parlementaire, qui disait avoir pu accéder à "3 500 documents classés secret-défense" -au fait pourquoi un tel secret imposé sur des informations qui permettraient d'éclairer la vérité, sinon pour la cacher au public? - concluait qu'il existait bien des compromissions avec un régime "ethniste". C'était une façon voilée de mettre en cause le gouvernement français, c'est-à-dire le couple Mitterrand-Balladur qui en 1994 siégeait, le premier à l'Élysée, le second à Matignon, dans le cadre d'une cohabitation politique sans accroc sur la question rwandaise.

Directe ou indirecte, la responsabilité des grandes puissances dans ce génocide est indéniable. Et pas seulement par leur passivité affichée devant un massacre qu'ils n'ignoraient pas. Personne ne peut nier de bonne foi que celle de la France, qui arma les massacreurs et soutint ouvertement le régime qui organisa cette immense tuerie, ait été particulièrement importante dans cette tragédie.

Cela n'empêche pas certains de continuer à pinailler et à jouer sur les mots pour défendre l'indéfendable, en tentant d'exonérer de leurs crimes l'État français, le gouvernement de Mitterrand-Balladur et ses prédécesseurs.

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