Hôpitaux : Une nouvelle catastrophe annoncée?16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux : Une nouvelle catastrophe annoncée?

À peine entré en fonction, le nouveau ministre de la Santé, Douste-Blazy, se lance dans les effets d'annonce. Il vient d'indiquer que 759 postes médicaux et paramédicaux dont 266 postes d'infirmières et 121 postes d'aides-soignants et d'agents de service hospitaliers ont été créés depuis le 30 septembre 2003 au sein des services d'urgence. Il s'est bien gardé de dire combien de postes ont été supprimés dans le même temps dans d'autres services hospitaliers.

Le "bilan" dont se glorifie le nouveau ministre s'inscrit dans le cadre du plan Urgences -conçu bien tardivement! - par son prédécesseur Mattei après la canicule de l'été dernier. Sans doute était-il alors question de donner l'illusion que le gouvernement faisait quelque chose, alors qu'il venait d'être responsable d'une véritable hécatombe. Mais si des rapports publiés encore récemment ont montré que les 15000 victimes de l'été dernier ont payé de leur vie les réductions de budget décidées depuis des années par les gouvernements successifs, tout indique que les mesures annoncées ne permettront pas de faire face à une nouvelle crise.

Car les postes que le gouvernement se targue d'avoir créés sont très loin de répondre aux besoins. Ils ne correspondent déjà même pas aux prévisions établies par le gouvernement lui-même. Ces 759 nouveaux postes en six mois et l'ouverture de 1028 lits, si l'on en croit les déclarations du ministre, sont moins que ce que le Plan Urgences prévoit puisqu'il y est question de plus de 10000 postes de soignants et de l'ouverture de 15000 lits d'urgence sur cinq ans. En outre, l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUFH) conteste la réalité de ces chiffres. Selon un de ses porte-parole, Patrick Pelloux, "il s'agit d'astuces comptables sans augmentation réelle du budget des hôpitaux"; "en bref, au mieux, ce qui est donné aux urgences est retiré ailleurs" ajoute-t-il. Interviewé mardi 13 avril sur France Inter, Patrick Pelloux a estimé que les services de soins ne sont pas prêts à affronter une nouvelle crise. "C'est terriblement inquiétant, nous sommes déjà à la mi-avril", a-t-il déclaré. Rappelons que Pelloux avait à plusieurs reprises alerté les pouvoirs publics l'été dernier en dénonçant l'absence criminelle de moyens matériels et humains pour faire face à l'arrivée massive des malades dans les services d'urgence où il exerce lui-même en tant que médecin.

Le manque de personnel dans les hôpitaux est de plus en plus dramatique. Infirmiers, aides-soignants, agents hospitaliers, le constatent tous les jours dans les services d'urgence comme dans les autres services hospitaliers. Travailler avec un personnel en nombre insuffisant est la règle. Tout se calcule a minima, tout sauf les efforts des soignants qui doivent tenter de s'acquitter de leurs tâches dans de telles conditions. Alors, il est sûr que les difficultés s'avèrent insurmontables dès que l'augmentation de malades est exceptionnellement élevée.

Pour éviter que la catastrophe prévisible de l'été dernier ne se répète, au lieu d'effets d'annonce aussi dérisoires qu'inutiles, il n'y aurait qu'une seule réponse: l'embauche immédiate et massive de personnel dans la santé!

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