L'or gît à la Banque de France16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'or gît à la Banque de France

Sans doute histoire de réussir un de ces effets d'annonce qu'il affectionne, Sarkozy, à peine arrivé à son nouveau poste de ministre des Finances, a proclamé son intention de vendre une partie du stock d'or de la Banque de France afin de soulager le budget de l'État.

Côté publicité, le résultat a sans doute exaucé ses voeux, car vendre l'or de l'État reste un symbole fort, et la presse a largement relayé l'information.

Côté efficacité, en revanche, c'est une autre affaire.

D'abord, parce que depuis quelques années, la Banque de France est devenue indépendante du gouvernement. Seul le gouverneur de cette banque peut donc prendre la décision de vendre une partie du stock d'or, même si, en l'occurrence, il ne semble pas y être opposé.

Ensuite, et surtout, parce que l'or détenu par la Banque de France, comme celui détenu par les autres banques centrales de la zone euro, sert de garantie à la monnaie européenne. Ces banques n'ont donc le droit de vendre leur or qu'en restant propriétaires de l'argent ainsi récolté. Tout au plus, l'État pourrait-il demander que cette somme soit placée, et en récolter les intérêts.

Mais du coup, les lingots d'or de Sarkozy ont l'air bien petits face à l'énormité du trou à boucher. En utilisant à plein les possibilités légales, la Banque de France pourrait vendre 100 tonnes d'or par an pendant 5 ans, soit en tout un sixième de ses réserves. Cette vente rapporterait environ un milliard d'euros par an... soit le millième de la dette de l'État. Et comme ce sont seulement les intérêts de ce milliard qui seraient effectivement à la disposition de l'État, le bénéfice réel serait au final de 33 millions d'euros, autant dire rien. Pour combler les déficits, la vente de l'or serait symbolique... dans tous les sens du terme.

Face au gouffre que creuse la politique de cadeaux systématiques au patronat -et le paiement des intérêts de la dette déjà accumulée- l'État a bien du mal à trouver des "bijoux de famille" à vendre, qu'ils soient en or ou pas, pour essayer de maintenir le budget à flot. Au Moyen Âge, les alchimistes cherchaient le moyen de changer le plomb en or. Aujourd'hui, les réserves d'or de l'État ne peuvent même plus redresser un budget qui a du plomb dans l'aile.

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