La pauvreté ne cesse d'augmenter16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La pauvreté ne cesse d'augmenter

Deux études qui viennent d'être publiées prouvent que la pauvreté progresse en France.

L'étude menée par la DREES, dépendant du ministère des Affaires sociales, montre que le nombre d'allocataires du RMI a augmenté de 5,3% en France métropolitaine (4,9% en incluant les DOM) en 2003. Cette augmentation est plus forte chez les jeunes de moins de trente ans, qui n'ont pas assez travaillé pour avoir droit à des allocations chômage, ou chez les plus de cinquante ans qui, victimes de plans de licenciements, n'arrivent plus à retrouver un emploi.

Actuellement, 1,1 million de personnes touchent le RMI, dont la presque totalité (un million d'entre elles) n'ont que ce seul revenu pour survivre, principalement à cause de la baisse du nombre de contrats emploi-solidarité qui permettent un cumul des deux revenus. Pour une personne seule, cela veut dire tenter de payer loyer, électricité, transports, nourriture, etc. avec 417, 88 euros par mois, ce qui est impossible, même en restreignant ses dépenses au maximum.

L'autre enquête, de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion, constate que la France compte 3,7 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, chiffré à 600 euros par mois -la moitié du salaire moyen. Elles représentent 6,1% de la population. Si l'on ne tenait pas compte des revenus tels que les minima sociaux, RMI ou ASS, le nombre de pauvres recensés en France serait de plus du double, 13,1% de la population soit près de huit millions de personnes. Selon les auteurs du rapport, ces minima sociaux "jouent un rôle majeur dans la lutte contre la précarité", insuffisants cependant puisqu'ils laissent toujours 3,7 millions de personnes en dessous du seuil de 600 euros par mois.

En particulier, ceux que l'on appelle les "travailleurs pauvres", dont le salaire est si bas qu'ils gagnent moins de 600 euros par mois, sont aujourd'hui un million et leur nombre ne cesse d'augmenter. De plus, alors qu'auparavant la pauvreté touchait surtout les retraités, les actifs (en activité ou au chômage) en sont maintenant les principales victimes.

Le chômage, en hausse de 6,1% en 2003, est la cause essentielle de la pauvreté: il fait pression sur les salaires de ceux qui ont un emploi, et ferme la porte à ceux qui voudraient bien en avoir un. Et quand on est pauvre, il est encore plus difficile de trouver un travail, ne serait-ce que parce que les logements dont les loyers restent accessibles aux plus démunis sont la plupart du temps loin des lieux d'activité, peu ou pas desservis par des transports en commun. Il leur faut donc avoir une voiture et, pour peu qu'ils soient interdits bancaires (ce qui arrive vite), ils devront avoir recours à des crédits aux taux exorbitants pour en financer l'achat. Autrement dit, plus on est pauvre, plus les difficultés matérielles se multiplient.

Face à cette hausse de la pauvreté, l'attitude du gouvernement a été de s'en prendre aux pauvres, tenant des discours méprisants envers les chômeurs assimilés à des fainéants, ou les soi-disant assistés qui "profiteraient" du RMI sans se donner la peine de chercher un emploi. Si, à la suite de la déconfiture essuyée aux élections régionales, Chirac parle maintenant de "renforcer la cohésion sociale", cela reste des mots vides de sens car rien, dans les mesures prises par son gouvernement, n'est en faveur des plus démunis. Au contraire, la création du RMA (revenu minimum d'activité), ou les aides aux entreprises qui emploient des ouvriers à de bas salaires, pour n'en citer que quelques-unes, ne font qu'augmenter la pauvreté des travailleurs, qu'ils soient en activité ou au chômage.

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