Parti Socialiste : "Contre-pouvoir régional"?... mais le vrai pouvoir reste au patronat16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parti Socialiste : "Contre-pouvoir régional"?... mais le vrai pouvoir reste au patronat

Le Parti Socialiste contrôle désormais la quasi-totalité des Conseils régionaux et la majorité des Conseils généraux. S'appuyant sur les déclarations de responsables de ce parti et non des moindres, certains commentateurs parlent de la mise en place d'une sorte de "contre-pouvoir" du PS.

"Ou bien nous obtenons une décentralisation équitable, responsable et financièrement clarifiée, ou bien nous pourrons exercer un sérieux pouvoir de résistance. Mais les régions doivent également faire des propositions. Elles peuvent devenir de vrais laboratoires...", a déclaré Le Drian, nouveau président de la région Bretagne. En Poitou-Charente, Ségolène Royal évoque la possibilité de conditionner les subventions au patronat à des engagements en matière de maintien des emplois. Côté résistance, elle entend vouloir appuyer les décisions contre les OGM prises par des maires mais jugées illégales par les préfets. En PACA, Michel Vauzelle veut partir en guerre contre les directives de l'Organisation Mondiale du Commerce contre les services publics.

Les dirigeants du PS ne sont pas en reste. Mélanchon propose à propos du Revenu minimum d'activité (RMA) dont les départements auront la reponsabilité et la charge: "Disons que nous n'appliquerons pas le RMA", faisant écho à son collègue socialiste président du Conseil général de l'Essonne qui affirme qu'il n'appliquera pas ce RMA "en l'état".

Le secrétaire du Parti Socialiste, François Hollande, affirme que le PS n'est pas "dans un contre-pouvoir organisé". "Les régions, comme les départements, ne peuvent contrecarrer à eux seuls les effets négatifs de la politique gouvernementale", dit-il, en ajoutant: "Contre-pouvoir, oui, au sens où nous pouvons montrer de la résistance à certaines dispositions dangereuses". "Si nous refusons d'appliquer la loi, si nous considérons que la loi est dangereuse, à ce moment-là, nous demanderons à l'État de l'appliquer lui-même..."! Pas question d'appeler la population à soutenir d'éventuels et peu probables actes d'insubordination venant des Conseils régionaux et généraux. Et il ajoute: "Nous serons amenés à appliquer cette loi, mais nous ferons en sorte qu'il y ait le moins d'inconvénients possibles, le moins de dangers possibles pour les citoyens concernés". On est loin déjà de la résistance promise.

Les présidents socialistes des régions et des départements pourront peut-être faire des gestes avec des budgets limités, au total un vingtième de celui de l'État. Pour les familles dont les enfants étudient, ils pourront, par exemple, généraliser la gratuité des manuels scolaires. Vis-à-vis d'autres milieux, des mesures anti-OGM ici, là des gestes en faveur des pays pauvres pourront être faits sans problème. Mais quand il s'agira pour le patronat de choses sérieuses, telles que les aides de toutes sortes à celui-ci, qui représentent aujourd'hui dans bien des régions près de 25% du budget total, on verra si le PS fera ce qu'il s'était refusé à faire jusque-là, et imposera ne serait-ce que le contrôle véritable des engagements pris par les patrons bénéficiaires de ces subventions.

On peut sérieusement en douter. Car si aujourd'hui le PS contrôle 20 conseils régionaux sur 22, il en contrôlait un certain nombre, et non des moindres, comme ceux de l'Ile-de-France, du Nord-Pas-de-Calais ou encore celui de PACA. Ils n'étaient pas chiches avec l'argent public, distribué aux entreprises privées, et pas des plus petites. Sans que jamais les entreprises aient eu à rendre des comptes -et encore moins l'argent reçu- sur l'utilisation faite de ces subventions.

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