L'État impitoyable pour les militants d'Action Directe mais pas pour Papon ni les patrons voyous16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'État impitoyable pour les militants d'Action Directe mais pas pour Papon ni les patrons voyous

Nathalie Ménigon, militante d'Action Directe, ne sortira pas de prison. Sa demande de suspension de peine en application de la loi Kouchner qui permet, après avis, la libération pour des détenus gravement malades, a été rejetée le 9 avril. Cette femme, emprisonnée depuis dix-sept ans pour les meurtres du général Audran et de Georges Besse, PDG de Renault, souffre d'une grave dépression et est partiellement hémiplégique à la suite de plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Les trois autres condamnés d'Action Directe sont dans des états de santé tout autant dramatiques: l'un souffre d'un cancer des poumons, une autre d'une tumeur au cerveau, un troisième est atteint de troubles psychiatriques graves.

Le fait que nous condamnons les méthodes d'Action Directe qui ne contribuent nullement à oeuvre à l'émancipation du monde du travail et qui n'ont rien à voir avec les traditions du mouvement communiste révolutionnaire, ne nous empêche pas d'exprimer notre indignation devant cette décision inique.

L'État, par ce nouveau rejet de mise en liberté conditionnelle de Nathalie Ménigon, décide de laisser croupir en prison les militants d'Action Directe, espérant visiblement que ce soit jusqu'à leur mort. La peine de mort est officiellement abolie, mais des juges décident de la mettre en oeuvre en laissant mourir des détenus à petit feu.

Sans doute est-ce aussi le sort réservé à des milliers de détenus dont jusqu'à présent seuls 83 ont été libérés pour raisons de santé, en vertu de la loi Kouchner. On trouve parmi eux Loïk Le Floch-Prigent, l'ancien président d'Elf, atteint d'un cancer, tandis que son ancien compère, Tarallo, a été laissé en liberté avant son jugement, lui aussi pour raison de santé.

Mais le plus célèbre bénéficiaire de cette loi en faveur de la libération de détenus malades, reste Papon. Haut fonctionnaire sous Vichy, Papon contribua à la déportation des Juifs pendant l'Occupation et fut condamné pour complicité de crime contre l'humanité. Préfet de police à Paris sous De Gaulle il dirigea, durant la guerre d'Algérie, la répression antialgérienne dans la capitale et organisa le massacre lors de la manifestation du 17 octobre 1961. Pour cette dernière action il ne fut même pas poursuivi.

Et bien maintenant ce vieillard alerte se promène librement, arborant même dit-on, illégalement, les insignes de la Légion d'Honneur, dont il a été déchu.

La loi est dure, mais pas avec tout le monde.

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