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Dans les entreprises
Alcatel : Des réductions d'effectifs inacceptables
A chaque fois qu'il décide de communiquer avec ses actionnaires, Tchuruk annonce ses mauvais coups contre les travailleurs. L'an dernier, il annonçait qu'Alcatel deviendrait " l'entreprise sans usine ". Les travailleurs d'Alcatel Cherbourg, Alcatel Allemagne et Espagne vendus à Sanmina, un groupe américain de sous-traitance électronique, en ont fait les frais. Mais comme ses usines ne se vendent pas comme des petits pains (Annecy pour les techniques du vide, Coutances pour les circuits imprimés, Saintes pour la tôlerie ne trouvent pas preneurs), il a été obligé de trouver d'autres secteurs à " dégraisser ".
Comme il n'y a plus rien à supprimer dans la production, la réduction des effectifs qu'il vient d'annoncer (10 000 personnes) va se faire dans les secteurs jusque-là épargnés : la recherche et le développement ainsi que le commercial.
La crise des télécommunications sert de prétexte. La bulle internet a profité à Alcatel comme aux autres, mais les salariés n'en n'ont pas vu la couleur. Maintenant que cela va moins bien, ce serait aux travailleurs de payer l'addition. Pourtant le groupe Alcatel a les moyens de traverser la " crise ". Il n'y a qu'à voir les sommes qu'il verse pour faire partir le personnel excédentaire dans sa filiale Alcatel Cit. Des ouvriers se voient proposer plus de quatre ans de salaire pour accepter leur licenciement.
Ces nouvelles suppressions d'emplois auront probablement lieu une fois de plus dans les pays où les licenciements sont les plus faciles à opérer, les États-Unis, l'Irlande. Dans les pays comme la France où les contraintes administratives et les recours syndicaux retardent la mise en place des réductions d'effectifs, la direction de Cit Alcatel préfère la décroissance " soft ", les licenciements transactionnels et les congés de fin de carrière.
Le congé de fin de carrière est une préretraite entièrement financée par Alcatel, qui lui coûte près de 3 fois plus cher qu'un licenciement transactionnel. Les bas salaires touchent environ 90 % de leur salaire net, les cadres 50 %, et cela jusqu'à la retraite. Comme les cadres perdent beaucoup sur leurs revenus, ils préfèrent les licenciements transactionnels.
Pour réduire ses coûts de production, Alcatel a décidé de produire en Chine dans une usine dont elle a pris le contrôle, Shanghai Bell, l'autre actionnaire étant l'Etat chinois. D'après la direction les salaires sont de trois à quatre fois inférieurs à la France. Aussi va-t-elle transférer une partie de la recherche et développement. D'ici 3 ans le nombre d'ingénieurs va passer de 1 500 à 3 500, et il y a fort à parier que d'ici quelques années il ne reste en Europe que quelques centaines d'ingénieurs commerciaux, le reste de l'entreprise étant délocalisé en Chine pour la fabrication, aux Indes et en Roumanie pour le logiciel.
Autre avantage de produire en Chine, l'Etat chinois aide les entreprises locales à financer des projets. Alcatel pourra bénéficier de ces financements ! On est contre l'intervention de l'Etat... sauf si c'est pour aider les entreprises ! Comble du cynisme, la direction se réjouit de ce que la Chine limite les mouvements de population, empêchant les travailleurs chinois formés de chercher du travail ailleurs. Il est vrai que Suard, ancien PDG d'Alcatel, était un des premiers à être allé serrer la main de Li Peng, le bourreau de la place Tien An Men.
Qu'Alcatel fournisse du travail aux Chinois, nous n'avons rien contre, mais que cela soit en maintenant nos conditions de vie ! Car, avec la nouvelle réduction d'effectifs, la direction veut diminuer le coût des restructurations en diminuant les sommes allouées pour les préretraites. Et ça, il n'en n'est pas question !