Madagascar : L'impérialisme français reconnaît Ravalomanana12/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1772.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Madagascar : L'impérialisme français reconnaît Ravalomanana

Il n'aura pas fallu longtemps pour que la France change d'attitude à l'égard du gouvernement de Marc Ravalomanana. Lors d'une visite éclair à Madagascar, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a reconnu de fait le nouveau gouvernement et signé quatre conventions de coopération d'un montant de 4,7 millions d'euros, débloquant également les fonds publics malgaches auprès de la Banque de France.

Depuis six mois que dure la crise malgache, la France s'était toujours refusée de reconnaître le président élu Marc Ravalomanana, cachant mal sa préférence pour Didier Ratsiraka, le dictateur sortant. Elle fait aujourd'hui volte-face, reconnaît Marc Ravalomanana et " lâche " Didier Ratsiraka... tout en l'accueillant sur son territoire !

Quand les Etats-Unis dament le pion à la France

Il faut dire que les choses se sont accélérées ces dernières semaines. Sur le plan militaire, d'abord : l'évolution du rapport de force dans l'île a tourné en faveur de Ravalomanana. Ses troupes ont conquis tous les bastions ratsirakistes - y compris le fief de Toamasina (ex-Tamatave). Sur le plan politique ensuite : les Etats-Unis, autre bailleur de fonds présent dans l'océan Indien, ont été la première grande puissance à reconnaître Ravalomanana. Dans une lettre au président malgache, Bush a promis de débloquer les avoirs extérieurs de Madagascar.

Et outre les Etats-Unis, l'Union européenne, le Japon, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, mais aussi la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont envoyé leurs représentants diplomatiques auprès de Marc Ravalomanana, lors de la Fête de l'Indépendance. Dès lors, la France, l'ancienne puissance coloniale qui venait de se faire damer le pion par les Etats-Unis mais aussi par l'Allemagne, ne pouvait faire autrement que de reconnaître le nouveau pouvoir, du moins si elle voulait rester dans la course. Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a justifié le changement de politique de la France, en déclarant que " le moment était venu de procéder à la reconstruction, dans un climat de réconciliation et de pacification ".

Pour justifier a posteriori le retournement du gouvernement français, il a monté en épingle la nomination de deux anciens ministres ratsirakistes dans le gouvernement de Ravalomanana. Ce qui constituait à ses yeux une preuve de réconciliation nationale... et donc du soutien de la France !

France terre d'asile... pour anciens dictateurs déchus ?

Lâché par ses principaux partisans qui ont cherché à quitter l'île par tous les moyens, jusqu'au secrétaire général de son parti l'Arema, Pierrot Rajaonarivelo, qui a offert sa collaboration à son adversaire, l'ancien dictateur Didier Ratsiraka n'a pas demandé son reste. Il a plié armes et bagages, laissant ses nervis se débrouiller seuls face à l'avance de l'armée régulière et a sauté dans le premier avion, direction Paris.

Arrivé à Roissy, Ratsiraka a déclaré à la presse qu'il venait " profiter de l'hospitalité française ". Que d'égards pour un ancien dictateur ! Mais il est vrai que cet " ami personnel " de Jacques Chirac n'est pas le premier immigré clandestin venu. Il a pillé son pays, en plusieurs décennies, et amassé ainsi une fortune considérable (son fils est propriétaire d'une compagnie aérienne privée) et s'est offert, entre autres, deux propriétés en France.

En accordant l'asile à Didier Ratsiraka, la France respecte, une nouvelle fois, sa longue tradition d'aide, de soutien et d'accueil... à tous les dictateurs qui ont servi ses intérêts.

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