SIDA : Les trusts pharmaceutiques soignent d'abord leurs profits12/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1772.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Injustice

SIDA : Les trusts pharmaceutiques soignent d'abord leurs profits

Le sida tue une personne toutes les onze secondes et une autre est infectée toutes les six secondes. Vingt millions de personnes sont déjà mortes du sida depuis le début de l'épidémie, il y a un peu plus de vingt ans.

D'après les estimations des experts d'Onusida réunis à Barcelone, si les mesures de prévention et de traitements ne sont pas développées d'ici 2020, soixante-huit autres millions sont assurés d'une mort certaine. Aujourd'hui, le continent africain concentre plus de 70 % des quarante millions de personnes infectées dans le monde. Mais la pandémie se développe dans d'autres régions et pays jusque-là relativement épargnés comme la Fédération de Russie, les pays de l'Est et les pays asiatiques.

Une situation catastrophique mais non inéluctable

Selon des spécialistes, il faudrait en substance sept milliards de dollars par an pour lutter efficacement contre la pandémie. Ce chiffre, qui paraît fantastique, ne représente que quatre jours du budget mondial consacré à l'armement ! Ce serait un objectif tout à fait à la portée des huit pays les plus riches du monde qui avaient promis, il y a deux ans, de financer la lutte contre le sida à hauteur de dix milliards de dollars, soit 0,05 % de leur produit national brut. Or, aujourd'hui leur contribution ne dépasse guère les 500 millions de dollars par an.

En fait, ce qui manque ce n'est pas tant l'argent que les choix de ces pays dans ce domaine. La lutte contre le sida n'est pas une priorité à leurs yeux notamment dans le Tiers Monde où la population ne représente pas une clientèle solvable. Les multinationales pharmaceutiques fabriquent des médicaments sans se préoccuper de la santé de la population. Ce qui compte, c'est ce qui rapporte. D'autres maladies tout aussi mortelles comme le paludisme touchent ces pays et rien n'est fait pour les enrayer. Ainsi la simple distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticides dans les zones impaludées permettrait de sauver la vie de cinq cent mille enfants par an. Et si ce n'est pas fait, c'est parce que ce n'est pas rentable !

On se souvient comment il avait fallu la pression d'organisations non gouvernementales et de lutte antisida - et même un procès - pour que les grandes firmes pharmaceutiques acceptent un manque à gagner et laissent des pays pauvres comme l'Inde, la Thaïlande ou le Brésil fabriquer des traitements génériques beaucoup moins chers.

Les pays pauvres : victimes du sida... et du profit !

Pour lutter contre le sida, les pays pauvres se heurtent au coût du traitement des trithérapies qui est inabordable même s'il a considérablement baissé, passant de plus de 10 000 à 200 dollars par an pour chaque malade. Seule une infime minorité de la population peut y avoir accès, en Afrique, par exemple, soit 30 000 personnes pour 28 millions infectées

Comment dans ces conditions peut-on réellement lutter contre la pandémie lorsque plus de la moitié de la population du continent vit avec moins de un dollar par jour ? A cela s'ajoutent d'autres difficultés : l'absence totale d'infrastructures sanitaires, tandis que le personnel médical - quand il existe - se heurte souvent à l'incompréhension des populations inconscientes d'être infectées.

Enfin, la politique d'austérité imposée par le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale accroît les difficultés de la lutte contre le sida des pays pauvres... Conséquence de cette cure d'austérité : la dégradation, entre autres, des systèmes de santé publique, rendant encore plus aléatoire la lutte contre la propagation du virus.

Alors, si on meurt du sida aujourd'hui - surtout en Afrique et en Asie -, où presque personne n'a accès aux soins, c'est aussi à cause du profond mépris pour la vie humaine des dirigeants des grands firmes pharmaceutiques.

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