Allemagne : Une offensive contre les chômeurs en préparation12/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1772.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Une offensive contre les chômeurs en préparation

Constituée à la demande du chancelier social- démocrate Schröder, une " commission gouvernementale pour la réforme du marché du travail " vient de rendre publiques ses propositions (il y a actuellement 4 millions de chômeurs officiellement recensés).

Cela fait des mois que le gouvernement, qui n'a rien fait pour s'opposer aux licenciements, a annoncé son intention " de s'attaquer au chômage ". En fait aux droits des chômeurs. Il a pris prétexte d'une affaire de statistiques truquées qui a éclaté en début d'année au sein de l'office du Travail (l'ANPE allemande) pour déclarer qu'il fallait réformer cet organisme et a confié la présidence de cette commission au... directeur du personnel de Volkswagen, Peter Hartz.

Il n'y va pas avec le dos de la cuillère. A côté, les récentes attaques menées par les gouvernements italien ou espagnol contre les acquis des salariés paraissent bénignes.

Pendant les six premiers mois de chômage, les indemnités ne seraient plus calculées en pourcentage du dernier salaire (actuellement 60 %) mais deviendraient forfaitaires, ce qui conduirait à une baisse. Au bout de six mois sans emploi, la gestion des chômeurs serait transférée à des agences du personnel d'emploi qui seraient créées au sein de l'office pour l'Emploi. Les chômeurs deviendraient salariés de ces agences, qui loueraient leurs services à des entreprises, un peu comme des intérimaires. Et pour les salariés " difficiles à placer ", les agences pourraient proposer aux patrons de tester leurs aptitudes quelques mois gratuitement en échange d'une formation.

Les chômeurs de longue durée, qui actuellement peuvent toucher pendant une durée illimitée une aide qui se monte à 53 % de leur dernier salaire net, se verraient du coup réduits à l'aide sociale. Et les plus jeunes devraient accepter, sous peine de sanctions, n'importe quel poste de travail n'importe où dans le pays.

Enfin, les chômeurs de plus de 55 ans seraient poussés vers la préretraite... et de ce fait sortis des statistiques.

Avec toutes ces mesures, Peter Hartz prétend en l'espace de trois ans réduire de moitié le nombre de demandeurs d'emploi officiellement enregistrés. Sans réduire le chômage réel. Cela permettrait de faire passer de 300 000 à 700 000 le nombre de travailleurs intérimaires et de répondre ainsi à une demande du patronat. Cerise sur le gâteau, ce dernier obtiendrait de nouvelles aides, sous forme de baisses des cotisations chômage, dans " les entreprises qui s'engagent à éviter des licenciements " ! Le gouvernement n'aurait aucun mal à financer ces cadeaux, puisqu'il prévoit de réduire, en trois ans, de 40 à 13 milliards d'euros les fonds publics destinés aux chômeurs ! Le chancelier Schröder comme le secrétaire général du parti social-démocrate (SPD), Frantz Münterfering, ont salué ces propositions et le patron des patrons, Dieter Hundt, a également exprimé sa satisfaction. Et le tout nouveau président de la centrale syndicale DGB, Michael Sommer, a déclaré qu'il était ouvert à la réforme, souhaitant ardemment être convié à en discuter les détails.

Tout cela n'est pour l'instant qu'un projet. Mais personne ne doute qu'il sera mis en application, d'une manière ou d'une autre. C'est une véritable déclaration de guerre à la classe ouvrière. Réduire le niveau des chômeurs, c'est augmenter la précarité pour faire accepter à l'ensemble des salariés des conditions de travail dégradées. C'est aussi un signe clair à l'adresse de la bourgeoisie, au cas où elle aurait eu des doutes, qu'elle peut compter, une fois de plus, sur les sociaux-démocrates pour faire le sale boulot.

Partager