Le 24 juin dernier, la Cour d'appel de Paris a condamné la RATP pour " faute inexcusable " envers deux de ses salariés exposés à l'amiante, l'un décédé d'un cancer du poumon, l'autre atteint d'une asbestose (gêne respiratoire grandissante due aux fibres d'amiante accumulées dans les poumons).

Le premier salarié, engagé en 1975 à la RATP comme ouvrier spécialisé, avait eu pendant de longues années, entre autres tâches, de remplacer les garnitures de frein des autobus, garnitures qui contenaient de l'amiante. En mai 1996, les médecins ont diagnostiqué un cancer du poumon, dont ce travailleur est mort un an après. Il n'a été reconnu en maladie professionnelle que 12 jours avant sa mort ! Le second salarié a été embauché à la RATP en1982 en qualité de mécanicien d'entretien au réseau ferré. Au bout de dix ans, les médecins ont décelé une asbestose. Il a aujourd'hui un taux d'Incapacité Permanente Partielle (invalidité) de 30 %.

La RATP n'avait tenu aucun compte d'un décret d'août 1977 exigeant de prendre des mesures particulières d'hygiène dans les établissements où le personnel était exposé aux poussières d'amiante. Elle n'a mis en place des protections respiratoires efficaces et n'a remplacé l'amiante contenue dans les matériels roulants que bien plus tard.

Il y a tout juste trois ans, elle avait déjà été condamnée pour " faute inexcusable " dans le cadre de cette même affaire par le Tribunal des affaires de la Sécurité sociale de Créteil. Mais elle avait fait appel, appel qu'elle vient donc de perdre.

Cette condamnation va permettre au travailleur atteint d'asbestose et à la famille de celui décédé d'un cancer d'obtenir une réparation, limitée, et surtout incapable de rendre la santé et la vie à ceux qui ont été victimes de sa négligence. Car si l'un est mort et l'autre gravement handicapé, c'est bien à cause de ce mépris de la sécurité des travailleurs allié au souci d'économie que pratique la direction de la RATP, comme d'autres grandes entreprises.