Aussaresses : Un commis-voyageur de la torture22/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1719.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Aussaresses : Un commis-voyageur de la torture

Le général Aussaresses, une fois finie la guerre d'Algérie, a été envoyé dans d'autres pays pour les faire bénéficier de ses sinistres talents, révèle l'hebdomadaire Le Point.

Il a d'abord participé, aux USA, à l'instruction des forces spéciales. Sans doute leur enseigna-t-il les méthodes qu'il avait mises en application en Indochine puis en Algérie : tortures, mutilations, répression sauvage de toute une population. En tout cas, la fin de l'histoire fut la même. Après des années de guerre, les troupes américaines durent quitter le Viêt-Nam comme l'avaient fait avant elles les troupes françaises, laissant un pays ravagé.

L'Amérique latine accueillit ensuite ce spécialiste de la torture, toujours en mission officielle. Déjà, pendant la guerre d'Algérie, des militaires argentins étaient venus observer sur place les méthodes de l'armée française. L'Argentine vivait alors sous la dictature des généraux. Aussaresses arriva dans la région un peu plus tard. De 1973 à 1975, il fut attaché militaire au Brésil où il mit paraît-il la main à un plan de collaboration entre les armées de l'Argentine, du Chili et de l'Uruguay, le plan "condor", qui avait pour objectif d'éliminer les opposants des trois pays. Il collaborait avec un autre ancien d'Algérie, le colonel Servant, installé à Buenos Aires dans le quartier général de l'armée que dirigeait le général Videla. Dans ces années-là, des centaines de personnes disparaissaient chaque nuit sans laisser de trace, l'armée et la police argentines menant une chasse sans pitié aux opposants, avant de prendre directement le pouvoir avec le putsch du général Videla en mars 1976.

Tout au long de sa carrière, les gouvernements français successifs ont su utiliser les talents d'un Aussaresses. Pour le plus grand profit des marchands d'armes, que le général tortionnaire faisait profiter des amitiés nouées avec ses homologues des pays où il exerçait. Et ce n'est pas pour rien qu'à son retour en France ce fut l'un de ces industriels de l'armement, Thomson, qui l'accueillit.

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