Au mois d'avril, des travailleurs intérimaires, employés par la société de travail temporaire Synergie, d'Arras, ont fait appel à l'inspectrice du travail pour dénoncer les conditions de travail qui leur étaient imposées sur un chantier du bâtiment.

L'inspectrice a constaté une "cause de danger grave et imminent", car les trois salariés, dont un apprenti de 17 ans, étaient contraints de travailler à plus de sept mètres, en marchant sur des lattes peu stables, et en y accédant par des échelles posées sur des boues et des gravats. De plus, ils travaillaient 53 heures par semaine, et aucune visite médicale n'avait été faite.

L'inspectrice du travail a interdit la poursuite du chantier jusqu'à ce que des mesures de sécurité soient prises

La directrice de Synergie n'a rien trouvé à redire à ces conditions de travail déplorables. Au contraire, elle s'en est prise, non pas à l'entreprise responsable du chantier, mais aux travailleurs qui avaient risqué leur vie et qui s'étaient défendus comme ils avaient pu contre cette atteinte à leur sécurité.

Depuis elle ne leur a plus donné d'autre mission et elle s'est débrouillée pour faire accuser de vol d'outillage sur le chantier en question les travailleurs qui avaient appelé l'inspectrice. Mais, bizarrement, quand un des travailleurs concernés s'est présenté pour demander quels objets avaient été volés, le patron de l'entreprise de bâtiment ne pouvait pas donner de liste...

En fait la seule chose que reprochaient le patron du chantier et la responsable de l'entreprise de travail temporaire, c'était que ces travailleurs n'avaient pas accepté des conditions de travail du 19e siècle.

Ils ont eu raison de ne pas risquer leur vie, qui n'a pas de prix... Mais ces patrons cyniques en profitent pour leur retirer leur gagne-pain. Il faudra bien qu'un combat d'ensemble mette fin aux contrats précaires qui donnent des possibilités aux patrons pour faire accepter n'importe quel travail.