Ridalis - Paris : Les employés poursuivent leur grève22/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1719.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ridalis - Paris : Les employés poursuivent leur grève

Les employés Ridalis des deux garages parisiens de "motos-crottes" sont en majorité en grève depuis lundi 11 juin.

Jeudi 14, après un rassemblement devant le garage du 9e arrondissement qui a réuni, outre les grévistes, des employés du quartier, nous sommes allés, en manifestation, voir le responsable des services techniques de la Propreté à la Mairie de Paris-Nord, dans le 8e arrondissement, pour lui déposer nos revendications. Notre cortège, très dynamique, a été bien accueilli par des travailleurs des quartiers traversés.

Quant au patron de Ridalis (filiale de la SITA, Lyonnaise des Eaux), pour le moment, sa seule réponse a été d'envoyer des huissiers et d'assigner en référé, devant le tribunal de grande instance de Paris, 32 agents de propreté et les quatre syndicalistes des deux unions locales CGT qui les aident de l'extérieur.

Ce qui nous est reproché : "Faits d'entrave à la liberté du travail et à la sécurité des biens et des personnes, pressions importantes sur les non-grévistes, obstruction, dégradation de matériels et organisation de barbecues géants" !

A la lecture de ce tissu de mensonges, la colère s'est mêlée à l'incrédulité. Car, à aucun moment il n'a été interdit à qui que ce soit de sortir travailler, et encore moins de rentrer, évidemment. Les "pressions sur les non-grévistes" n'ont été que des discussions bien normales pour tenter de les entraîner dans la grève, souvent avec succès. Et c'est bien ce qui gêne les patrons, car la grève touche les trois quarts du personnel. Aucun matériel n'a été dégradé. Quant aux "barbecues géants", il s'agit d'un petit grill, installé sur le trottoir, qui permet de faire cuire des merguez afin de déjeuner tous ensemble et à peu de frais, sans le moindre risque de mettre le feu nulle part ! D'ailleurs, avec la présence quasi permanente des fonctionnaires des renseignements généraux, s'il y avait eu le moindre risque, ils n'auraient pas manqué de le faire savoir !

Le comble dans cette affaire c'est que la grève est due en grande partie au fait que le patron n'applique pas la loi ; ainsi, il refuse d'appliquer la convention collective de la déchetterie, comme cela se fait en banlieue, et veut maintenir celle du nettoyage, ce qui représente plusieurs centaines de francs volés à chaque travailleur, notamment sur la prime d'ancienneté et le treizième mois. D'autre part, il fait, en toute illégalité aux dires mêmes de l'inspecteur du travail, des contrats d'intérim successifs pendant plusieurs mois, avec des motifs comme : "en attente d'embauche". Et il y a dans l'entreprise 25 % de travailleurs sous contrat précaire pour "surcharge de travail", comme si les crottes de chien avaient un caractère saisonnier !

Par ailleurs, il refuse de compenser le temps d'habillage et le déshabillage.

C'est vraiment le voleur qui crie "Au voleur !".

Alors, mardi 19 juin l'assignation au tribunal a été l'occasion d'un nouveau rassemblement, devant le Palais de Justice cette fois. Et c'est à une soixantaine, accompagnés de syndicalistes du 9e arrondissement, de militants du PCF et de deux élus de Lutte Ouvrière que nous nous sommes rendus à la convocation du juge. La direction de Ridalis n'était représentée que par son avocate et un dossier bien vide, et même franchement grotesque. Quand il a été question du "barbecue géant", on lui a mis sous le nez la preuve du délit : une boîte de 52 cm de diamètre qui a fait rire même la juge !

Le jugement devrait être rendu dans quelques jours. Mais quoi qu'il en sorte, cette péripétie judiciaire qui avait pour but de nous effrayer nous a tous confortés dans l'idée que ce n'est vraiment pas le moment de baisser les bras, au contraire : nous sommes encore plus décidés à continuer la grève jusqu'à obtenir satisfaction des revendications.

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