Affaire Bébéar : Les avatars judiciaires d'un grand patron... qui ne manque pas d'assurance22/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1719.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Bébéar : Les avatars judiciaires d'un grand patron... qui ne manque pas d'assurance

Claude Bébéar, fondateur et président du directoire d'Axa, et Henri de Castries, son actuel PDG, ont été mis en examen pour "blanchiment de capitaux aggravé". Cette nouvelle affaire montre à quel point le blanchiment d'argent est devenu une véritable industrie, qui ne concerne pas que les narcotrafiquants ou les réseaux mafieux "classiques".

L'affaire commence avec la fondation, en 1990, de la société PanEuroLife, une filiale de l'UAP, implantée au Luxembourg et dirigée par Gaston Thorn, ex-Premier ministre du Grand-duché et ex-président de la Commission européenne. La PanEuroLife connaît un développement spectaculaire à partir de 1994, avec la libéralisation des mouvements de capitaux décidée par l'Union européenne. Ses courtiers se mettent alors à proposer aux chefs de petites et moyennes entreprises ainsi qu'à certains particuliers, un moyen d'échapper au fisc en achetant (en France et anonymement) des contrats d'assurance-vie de droit luxembourgeois (c'est-à-dire exonérés d'impôts au moment de leur réalisation). Cette "offre" donne la possibilité à des petits patrons (les gros ayant toute possibilité d'aller eux-mêmes à l'étranger) de placer des fonds, le plus souvent en liquide, sans avoir à les déclarer ni à leur banque ni au fisc. Une banale "prestation de service" en somme, un "marché" sur lequel, concurrence oblige, l'UAP se devait d'être présente !

Les sommes qui échappent ainsi au fisc, estimées à un milliard de francs, transitaient par la banque Worms, autre filiale de l'UAP. En 1997, l'UAP était absorbée par AXA qui récupérait ainsi la PanEuroLife, que Bébéar revendait l'année suivante à une société américaine. Aujourd'hui, pour sa défense, Bébéar explique que s'il s'est débarrassé de PanEuroLife, c'est justement parce que cette société présentait "de sérieux risques d'évasion fiscale". Comme s'il n'avait pas eu les moyens de vérifier que les "risques" étaient avérés et de prendre les mesures qui s'imposaient ! Bébéar a préféré revendre cette société, sans rien dire, et avec profit n'en doutons pas. Quant à la banque Worms, c'est en 2001 qu'il l'a revendue.

Les dirigeants luxembourgeois de PanEuroLife affirment que leurs produits sont parfaitement légaux (ce qui est vrai, mais est aussi révélateur des calculs qui ont présidé à la "déréglementation" de la circulation des capitaux) et que "c'est à la personne qui fait des placements de respecter ses obligations fiscales". Ben voyons ! Les narcotrafiquants disent aussi qu'ils n'ont jamais forcé personne à leur acheter de la drogue et les assureurs qui ont pignon sur rue n'obligent personne non plus à acheter leurs produits avec de l'argent non déclaré ! Les rapaces de la finance seraient donc en fait de blanches colombes ?

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