- Accueil
- Lutte ouvrière n°1719
- Göteborg : Chirac, conseil en matraquages ?
Leur société
Göteborg : Chirac, conseil en matraquages ?
Tandis que les maîtres de l'Europe s'interrogeaient gravement, dans les salons dorés de la ville de Göteborg (Suède), sur rien moins que la montée d'un "sentiment de déconnexion entre les institutions de l'Union et ses citoyens", la police suédoise de son côté tentait à sa façon de renouer le dialogue en matraquant les jeunes manifestants antimondialistes, allant accessoirement jusqu'à leur tirer dessus à coup de revolvers.
Certains policiers, excédés de recevoir des pierres lancées par des manifestants, ont apparemment perdu leur sang-froid, peut-être surpris par des scènes d'émeutes qui pourtant accompagnent désormais chaque sommet des grandes puissances, européennes ou mondiales, sans que cela fasse d'ailleurs bouger d'un pouce les calendriers qui régissent les réunions des grands de ce monde. Les tireurs sont peut-être aussi des policiers d'extrême-droite. La police n'en manque pas, dans ce pays où l'assassinat d'un Premier ministre social-démocrate reste à ce jour inexpliqué.
En revanche, il en est un qui n'a pas perdu son sang-froid, c'est Chirac qui a su commenter l'événement, le hasard fait bien les choses, juste au moment où les caméras de télévision le filmaient. On l'a donc entendu prodiguer quelques paroles de réconfort et on l'a vu donner des conseils au ministre de l'Intérieur suédois en lui expliquant que, somme toute, n'est-ce pas, les balles peuvent tuer et obtenir comme résultat exactement le contraire de l'apaisement.
Les conseilleurs ne sont évidemment pas les payeurs. On se souvient qu'à Paris pendant des manifestations étudiantes en 1986, un jeune, il est vrai malade du coeur, Malek Oussekine avait été matraqué à mort par des brigades spéciales de la police française. Le ministre de l'Intérieur d'alors s'appelait Charles Pasqua et le Premier ministre, Jacques Chirac.