Retraités : dans la rue pour gagner plus25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraités : dans la rue pour gagner plus

Dans de nombreuses villes, des manifestations ont eu lieu le 24 octobre pour dénoncer l’insuffisance du montant des pensions de retraite, attaquées par l’inflation ainsi que par les conséquences de la réforme imposée par le gouvernement et le patronat.

« J’ai travaillé de mes 18 ans à mes 65 ans. C’est simple, un arrêt de travail, je ne sais pas ce que c’est. Et pourtant, je m’en tire avec 1 000 euros mensuels », raconte à FR3 une retraitée de la Nièvre qui a multiplié les petits emplois, terminant aide à domicile pour personnes âgées. « C’est simple, quand tout est payé, je n’ai plus rien. »

Sur dix-sept millions de retraités, plus d’un million sont considérés comme pauvres, ne touchant que la moitié du montant moyen des pensions, de 1530 euros mensuels brut. L’inflation s’attaque à tous, mais évidemment davantage aux plus pauvres, plus touchés par la hausse des produits de première nécessité et des dépenses incompressibles, qui pèsent proportionnellement plus lourd dans leur budget. Bien plus que l’inflation officielle de 5,8 % sur un an, les hausses spectaculaires sur la même période du gaz (80 %), de l’électricité (28 %), des pâtes (37 %) et des fruits et légumes frais (33 %) les obligent à ruser ou se priver pour boucler le mois.

Les augmentations à deux chiffres pèsent aussi plus lourdement sur les plus âgés, qui consomment relativement plus de gaz ou de fioul de chauffage, et surtout dépensent davantage pour leur santé. Une étude du Secours populaire chiffre ainsi à 45 % la proportion de retraités (+6 % en un an) qui ont dû renoncer à certains actes médicaux et à 35 % ceux qui sont amenés à renoncer parfois à un des repas quotidiens, faute de moyens.

L’aspect particulièrement choquant de ces effets de l’inflation sur les travailleurs les plus âgés a conduit le gouvernement à se livrer à de multiples déclarations, tentant, au début de la mobilisation contre la réforme, de justifier celle-ci au nom de l’augmentation des petites retraites.

Il a été successivement question d’améliorer la pension des femmes, aux carrières hachées, puis celle des retraités touchant le minimum, puis de permettre à certains de ceux qui sont bien forcés de trouver quelque emploi pour suppléer à leur pension insuffisante, de continuer à accumuler des trimestres… Le résultat est un fatras de paragraphes législatifs aussi complexes qu’inefficaces pour obtenir ce à quoi les travailleuses et travailleurs retraités ont droit, un revenu correct pour ne pas avoir à se priver !

Après une mince augmentation, prévue au 1er novembre, de quelques dizaines d’euros par mois pour une minorité de retraités pauvres ayant une carrière complète, le gouvernement annonce une revalorisation de 5,2 % sur la retraite de base au 1er janvier 2024, en prétendant selon Bruno Le Maire « protéger tous les retraités de l’inflation ». Or, non seulement elle ne concernera qu’une partie de la pension de bien des retraités, non seulement elle est au-dessous de l’inflation officielle, mais elle est surtout loin de compenser les véritables trous laissés dans les budgets populaires par la hausse des prix.

Les manifestants, le 24 octobre, réclamaient à juste titre de véritables revalorisations des pensions, prenant en compte les pertes de pouvoir d’achat des dernières années. Avec la revendication de 10 % de hausse mise en avant par les directions syndicales à l’origine des manifestations, on serait encore loin du compte. L’ensemble des salariés, avec les actifs dont le problème est le même, devra trouver les moyens d’imposer d’autres choix à un patronat avide et à ses larbins du gouvernement.

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