Quel embrasement ?25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Quel embrasement ?

Alors que Gaza est sous les bombes et que les Gazaouis manquent de tout, alors que l’armée israélienne se prépare à envoyer ses blindés et ses fantassins dans la ville en ruines avec le soutien de tous les pays impérialistes, alors que dans toutes les capitales arabes des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues crier leur colère, les commentateurs occidentaux se demandent doctement si la situation peut s’embraser.

Les manifestants se sont comptés par dizaines de milliers à Rabat le 15 octobre, à Alger le 19, au Caire le 20, à Tunis plusieurs jours de suite, y compris devant l’ambassade de France. Comment dire plus clairement que le brasier dont l’impérialisme accumule les matériaux depuis des décennies et qui, une fois de plus, consume Gaza et sa population, peut s’étendre ? Les dirigeants de l’impérialisme en sont évidemment conscients, comme ils sont conscients du fait que ces explosions de colère peuvent se traduire par l’instabilité croissante des pouvoirs en place, particulièrement lorsque ce sont des amis et clients des puissances occidentales.

C’est pourquoi, après des années de silence, les diplomates, les gouvernements et l’ONU reparlent de solution négociée, voire d’une solution à deux États. Ce ne sont évidemment, comme il y a trente ans, que des paroles en l’air, fondées sur l’idée que, pour calmer les populations, il faut toujours laisser planer le vague espoir d’une solution politique. D’ailleurs, en même temps, les grandes puissances laissent toute latitude à Israël et à son armée pour intervenir. Plus même, les États-Unis renouvellent leurs aides militaires et financières.

Les armées que les États-Unis et les autres déplacent vers la région, les bases qu’ils y entretiennent, sont là pour servir. Sans remonter trop loin, les États-Unis sont intervenus en Irak et en Afghanistan sans autre raison que de montrer leur force. La France a fait de même en Libye. À chaque fois, cela s’est traduit par des destructions sans nombre. C’est encore forcément dans la mémoire des peuples et la destruction de Gaza vient s’ajouter à une liste déjà fort longue d’exactions. Alors s’il y a embrasement, il est avant tout le fait de l’intervention constante des puissances impérialistes.

Biden et son état-major savent parfaitement que leur politique, directe ou par Israël interposé, ne peut que susciter les haines et, finalement, la révolte généralisée. Ils savent qu’ils ne peuvent y répondre que par la terreur et c’est la raison de leur soutien aux bombardements israéliens en cours. Alors, ce qu’ils veulent éviter n’est pas l’embrasement – il est déja là – mais une généralisation du conflit qu’ils n’auraient pas décidée.

Les États-Unis ont déjà envoyé deux porte-avions et toute une flotte dans la région. Le prétexte est de dissuader le parti Hezbollah libanais et l’Iran d’intervenir. Ces derniers se sont jusque-là contentés de discours et n’ont visiblement pas envie de se lancer dans une guerre. Mais les dirigeants impérialistes veulent de toute façon les désigner d’avance comme l’ennemi à abattre, tout comme les dirigeants israéliens affirment que leurs bombardements visent « à détruire le Hamas » alors qu’ils écrasent surtout la population civile. Derrière quelques rares paroles doucereuses, ce sont toutes les populations du Moyen-Orient qu’ils menacent de leurs canons avant peut-être de s’en servir.

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