Chantiers des JO : la sous-traitance de l’exploitation25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers des JO : la sous-traitance de l’exploitation

Les installations des Jeux olympiques 2024 seraient, selon les grands groupes du bâtiment, « l’incarnation de l’urbanisme du 20e siècle ». Leurs chantiers sont surtout un haut lieu de l’exploitation des travailleurs sans papiers, aujourd’hui en lutte pour leur régularisation. Ceux qui travaillent sur le chantier de l’Aréna à la porte de La Chapelle à Paris ont ainsi envahi le site aux cris de « Pas de JO sans papiers ».

Officiellement, ces chantiers ont été attribués lors des appels d’offres à des multinationales comme SPIE-Batignolles, Bouygues ou GCC, mais celles-ci se sont rapidement déchargées sur une nébuleuse d’entreprises sous-­traitantes. Le 20 juin dernier, dix travailleurs sans papiers avaient assigné leur patron aux Prud’hommes de Bobigny. Recrutés de bouche-à-oreille parmi l’immigration malienne, sénégalaise ou gabonaise, ils travaillaient pour des sous-traitants de la SPIE-­Batignolles ou de la GCC. Leurs nombreuses heures supplémentaires n’étaient pas payées, et ils devaient s’acheter eux-mêmes leurs chaussures de sécurité, leurs casques et leurs vêtements de travail. Les blessures étaient nombreuses, et les accidents du travail jamais reconnus.

À leur suite, 14 autres ouvriers sans papiers ont assigné leurs employeurs devant les Prud’hommes. Mais la procédure à peine entamée, ces sociétés ont purement et simplement disparu. Deux d’entre elles ont été radiées à l’amiable du registre du commerce quelques heures avant le début de la procédure, d’autres se sont placées en liquidation judiciaire, une autre est simplement introuvable. Ces entreprises, affectées aux chantiers de la piscine olympique de Marville, de l’hôtel de luxe de Pleyel ou du Village olympique, n’ont pas de matériel et leurs sièges sont de simples locaux près des chantiers, faciles à fermer, voire de simples boîtes à lettres.

Ces margoulins profitent sans vergogne de la crainte qu’ont les sans-­papiers de se voir dénoncés à la police et expulsés s’ils protestent. Mais, au sommet de la chaîne, c’est aux grands trusts du bâtiment que profite le crime. Ce système leur permet de tirer les coûts vers le bas en confiant le travail à des sociétés employant des ouvriers sous-payés, taillables et corvéables à merci, et des trusts comme SPIE-­Batignolles se paient le luxe de nier toute implication dans l’affaire.

Pour mettre fin à cet esclavagisme moderne, il faut la régularisation immédiate et sans condition de tous les travailleurs sans papiers.

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