Argentine : entre le candidat péroniste et un émule de Trump25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : entre le candidat péroniste et un émule de Trump

Dimanche 22 octobre, le premier tour de l’élection présidentielle en Argentine a été remporté par le candidat péroniste, Sergio Massa, devançant Javier Milei, le candidat d’extrême droite émule de Trump et Bolsonaro.

Ce résultat a plutôt surpris, car Milei était arrivé en tête des primaires du 13 août dernier et devançait le candidat péroniste dans les sondages. Massa obtient 36,7 % des voix, contre 30 % à son challenger, ce qui le met en bonne position pour le second tour qui l’opposera à Milei le 19 novembre.

Depuis 2018, l’Argentine traverse une nouvelle crise, marquée par l’appauvrissement de 40 % de la population en moyenne. Elle est plus violente encore dans les régions les plus déshéritées, comme celle de Tucuman, où six enfants sur dix ne mangeraient pas à leur faim.

Le gouvernement péroniste sortant a hérité d’une situation de grand endettement léguée par le gouvernement de droite qui l’avait précédé. Il a certes créé des emplois, mais ce sont des emplois précaires, qui permettent d’autant moins de vivre décemment que l’Argentine subit depuis deux ans une inflation très forte. En outre, les classes populaires sont frappées par des plans d’austérité découlant des échéances des remboursements de la dette auprès du Fonds monétaire international (FMI).

C’est cependant Sergio Massa qui arrive en tête, alors qu’il est le ministre de l’Économie sortant, dont la politique alimente la colère populaire que, depuis 2021, Milei cherche à capter.

Cet économiste ultra-libéral, apparu il y a deux ans en politique, se présente comme un « anarcho-capitaliste ». Il n’est pas question pour lui de combattre l’anarchie économique capitaliste, et au contraire il affirme vouloir réduire à zéro le poids de l’État. Pendant sa campagne électorale, il brandissait même volontiers une tronçonneuse, symbole de sa volonté de déchiqueter l’État.

Cet admirateur de l’armée n’a pas pour autant l’intention d’appliquer son remède aux forces de répression, bien que la dette du pays, que les Argentins payent si cher, se soit développée sous la dictature militaire (1976-1983). En revanche, il veut liquider pas moins de onze ministères, dont l’Éducation, la Santé, la Sécurité sociale, la Travail et l’Emploi, les Femmes, l’Environnement et la Culture, et privatiser tout ce qui sera possible, et bien sûr effacer tous les programmes sociaux. Mais les plus pauvres laissés sans aide auraient cependant le droit de vendre leurs propres organes pour survivre ! La légalisation de l’avortement, que les femmes argentines ont imposée en 2020 par leur mobilisation, serait aussi annulée.

Milei affirme qu’il suffira de supprimer la Banque centrale pour mettre fin instantanément à l’inflation, ou de remplacer le peso national par le dollar pour multiplier par dix le niveau de vie des Argentins. Ce n’est plus le sauveur suprême, c’est le père Noël. Cela et quelques déclarations à l’emporte-pièce, comme « une entreprise peut polluer une rivière autant qu’elle le veut », ou encore « la valeur de l’eau égale zéro », l’ont fait surnommer « el loco », le fou.

Reste qu’au sein des classes populaires, frappées durement par la crise, Milei a pu trouver un écho. La crise permanente de l’économie argentine génère colère et frustration et, en imitant Trump ou Bolsonaro, il tente de les capter à son profit. On ne sait qui l’emportera, de Massa ou de Milei, le 19 novembre. Dans tous les cas, les travailleurs et les classes exploitées devront lutter pour se défendre, face aux plans d’austérité qui se poursuivront pour leur faire payer la crise capitaliste.

Lors des primaires du 13 août dernier, les trotskystes argentins ont présenté deux candidatures différentes. D’un côté, celle du PTS (Parti des travailleurs pour le socialisme) et de l’autre celle du PO (Parti ouvrier) allié à IS (Gauche socialiste). Le PTS a obtenu presque trois fois plus de voix et a donc participé à la présidentielle d’octobre, obtenant une moyenne de 3,5 %. Il était présent aussi pour le renouvellement des députés, et le PTS obtiendrait 4 députés nationaux, le PO un député national et le MST (Mouvement socialiste de travailleurs) un élu régional.

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