Cisjordanie : une colonisation continue25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Cisjordanie : une colonisation continue

D’une superficie deux fois plus petite que l’Île-de-France, la Cisjordanie, rattachée en 1948 à la Jordanie, fait partie, depuis la guerre des Six-Jours de 1967, des territoires palestiniens occupés par Israël. Les vainqueurs, bien décidés à ne pas en rester là, l’ont aussitôt appelée Judée-Samarie, terme biblique voulant rappeler un supposé droit ancestral des Juifs sur cette terre.

Dès lors administrée par Israël, puis sous le contrôle partiel de l’Autorité palestinienne depuis les accords d’Oslo de 1993-1995, la Cisjordanie est peuplée de plus de 3 millions de Palestiniens et, actuellement, de 500 000 colons juifs. Ces derniers ont été encouragés à s’y installer, en particulier depuis 1967.

Après les accords d’Oslo, de 1993 à 1995, la Cisjordanie a été divisée en trois zones. Moins de 20 %, la zone A, dans les villes principalement, est pleinement confiée à l’Autorité palestinienne. Une autre, la zone B, est cogérée, comprenant les camps de réfugiés anciens ou récents. Enfin, pour près des deux tiers, la zone C est sous compétence de l’État d’Israël et comprend en particulier les colonies. Itzhak Rabin, Premier ministre travailliste d’Israël et acteur majeur d’Oslo, se félicitait d’un accord encadrant la collaboration entre l’armée israélienne et la police palestinienne dans les territoires occupés. Selon lui, le transfert de certaines tâches à l’Autorité palestinienne permettrait de « dispenser – et c’est le plus important – l’armée israélienne de devoir les accomplir elle-même ».

De fait, après 1967, l’implantation de colonies a été continuelle, sous forme de colonies légales – du point de vue du pouvoir israélien - ou d’avant-postes « sauvages », protégés néanmoins par l’armée. Financées par des fonds publics, les colonies bénéficient d’avantages fiscaux importants et d’infrastructures installées par l’État. Cette absorption progressive du territoire palestinien, au détriment de ceux qui le peuplent et y travaillent, s’est accélérée sous la pression d’une droite partisane du Grand Israël. Elle est devenue un étendard pour les gouvernements de droite dirigés par le parti Likoud, a fortiori sous l’influence de leurs alliés d’extrême droite.

Le retour de Netanyahou au poste de Premier ministre, en 2009, a sonné l’heure de la légalisation des colonies sauvages, implantées par des colons militant dans l’objectif de rendre de plus en plus impossible une continuité territoriale permettant la création d’un État palestinien. Au lieu de cela, une véritable politique d’apartheid s’est mise en place, limitant à l’extrême les droits des habitants arabes, leur rendant difficiles et même souvent périlleux les déplacements quotidiens à proximité des zones colonisées. Cité par le journal Haaretz, Netanyahou déclarait d’ailleurs en 2020 : « C’est nous qui dictons les règles sécuritaires sur l’ensemble du territoire. […] Eux resteront des sujets palestiniens. »

Cette politique n’a fait que s’accentuer depuis que, fin 2022, le même Netanyahou, pour prolonger sa carrière politique, a intégré à son gouvernement des représentants de l’extrême droite la plus raciste. Celle-ci n’a fait que multiplier les agressions contre les Palestiniens de Cisjordanie. Et depuis le 7 octobre dernier, ces agressions se sont encore multipliées, venant des commandos de colons.

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