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Dans le monde
Algérie : les travailleurs du secteur public mobilisés
En Algérie, les 17 et 18 octobre, puis les 24 et 25 octobre, les travailleurs du secteur public, les employés communaux, le personnel de l’éducation et de la santé, ont répondu massivement à l’appel à la grève de treize syndicats autonomes, pour protester contre la réforme des retraites ainsi que la baisse du pouvoir d’achat.
Jusqu’à présent, les travailleurs ayant cumulé 32 années de cotisation pouvaient accéder à la retraite sans condition d’âge. Ce droit est désormais conditionné par l’obligation d’atteindre l’âge légal, 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes.
Suppression de la retraite anticipée
L’allongement de la durée de vie et le déficit des caisses de retraite sont invoqués pour supprimer cette retraite anticipée. Les forts taux de grévistes (souvent plus de 50 %) indiquent que la mesure ne passe pas, malgré le soutien apporté au gouvernement par Sidi Saïd, le secrétaire du principal syndicat, l’UGTA. Alors que le chômage affecte fortement la jeunesse, les travailleurs ne veulent pas travailler plus longtemps.
Cette mobilisation intervient à un moment où, répondant aux exigences du patronat algérien et du FMI et prétextant la chute des cours du pétrole, le gouvernement veut réformer le Code du travail et imposer une politique d’austérité aux travailleurs.
L’Algérie est parmi les dix pays les plus dépendants des hydrocarbures, puisque ses exportations sont constituées à 98 % de gaz, de pétrole et de leurs dérivés. Mais, pour l’instant, on est loin de la situation des années 1980, quand le baril de pétrole avait chuté de 80 à 20 dollars, et que l’État au bord de la faillite s’était surendetté auprès du FMI.
Dans une certaine mesure, le régime a anticipé la chute actuelle par la constitution d’une réserve de change dont le montant était estimé en 2014 à 190 milliards de dollars. De plus, la plupart des contrats signés avec ses principaux clients, l’Espagne et l’Italie, sont des contrats à long terme, ce qui rend l’Algérie moins sensible aux variations des cours. Avec ces marges de manœuvre, le pays est donc loin d’une situation catastrophique.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a récemment tenu à rassurer les riches algériens ou étrangers qui veulent faire des affaires en Algérie : selon lui, le pays n’est pas au bord de la faillite, les réserves de change se chiffreraient à plus de 120 milliards de dollars.
Austérité pour les travailleurs
Sous le règne de Bouteflika, les cadeaux n’ont cessé de pleuvoir sur le patronat algérien et sur les sociétés étrangères implantées en Algérie. Mais c’est au petit peuple que le régime veut faire payer la baisse de recettes consécutive à la chute du prix du pétrole. Déjà la dévaluation du dinar entraîne une forte inflation. La viande est un luxe que de nombreuses familles ne pouvaient déjà pas s’offrir, mais les fruits et légumes sont devenus hors de prix. Alors, l’annonce d’une augmentation de la TVA de 17 à 19 % ne passe pas. Le ministre des Finances vient de reconnaître que le taux de recouvrement de la TVA n’est que de 13 %, la taxe payée par les consommateurs reste dans les poches des commerçants et des entreprises. Les patrons pratiquent la fraude et l’évasion fiscale, mais ils en veulent encore plus.
Ils voudraient que le gouvernement arrête de construire des logements sociaux, revienne sur la gratuité en matière de santé et d’éducation et cesse de subventionner les produits de grande consommation comme l’huile, le lait, la farine et le sucre. Le patronat veut une remise en cause du Code travail et la destruction des quelques lois qui protègent les travailleurs du secteur public, les fonctionnaires mais aussi ceux des grandes entreprises publiques. Il voudrait limiter les libertés syndicales et le droit de grève.
Le gouvernement essaie de profiter du climat d’inquiétude suscité par la faiblesse des cours du pétrole pour mener ces attaques. Les grèves d’octobre l’ont obligé à un recul partiel et de nouveaux rassemblements et grèves sont prévus par les syndicats à partir du 21 novembre. Ce sera pour les travailleurs une nouvelle occasion, non seulement de défendre leurs retraites, mais aussi de refuser l’austérité qu’on veut leur imposer.