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- Lutte ouvrière n°2519
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Dans les hôpitaux
8 novembre : le personnel soignant manifeste
Le 8 novembre, à Paris, les syndicats de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (APHP), d’une part, les associations professionnelles nationales, d’autre part, avaient donné rendez-vous le matin à Montparnasse, dans le cadre de leur appel national, pour manifester jusqu’au ministère de la Santé. Le cortège a rassemblé sous les banderoles syndicales environ 800 personnes des hôpitaux parisiens, suivies de plus de 2 000 jeunes, étudiants et nouveaux diplômés, principalement infirmiers.
En chemin et devant le ministère, les jeunes criaient à pleins poumons leur rejet des mauvaises conditions d’étude et de travail. « Des sous pour la Sécu, pas pour le capital ! » : le slogan syndical illustrait le motif de la manifestation, alors que débute le débat parlementaire sur le financement de la Sécurité sociale pour 2017, avec ses milliards d’économies annoncées.
Du côté des associations infirmières comme la CNI (Coordination nationale infirmière), la FNI (Fédération nationale infirmière) et la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers), il y avait la mise en avant des spécificités catégorielles : « Si t’es fier d’être infirmier, tape dans tes mains », faisaient reprendre en chœur les organisateurs. De fait, diverses catégories spécialisées étaient visibles, équipes de bloc opératoire venues en nombre, comme celle de l’hôpital Bicêtre, infirmières puéricultrices, et même infirmières libérales portant des masques noirs.
Cependant, les discussions comme les slogans les plus repris convergeaient pour exprimer le ras-le-bol de tous ces soignants contre leurs conditions de travail, pour dire non et se faire respecter : « Formation précaire, étudiants en colère », « Soigne et tais-toi, j’ai pas signé pour ça ! »
Certains affichaient le manque d’effectifs en chiffres sur leurs pancartes. Comment s’occuper à deux de 38 patients âgés, dont 20 à faire manger, s’indignaient des aides-soignantes de l’hôpital Georges-Clemenceau de Champcueil dans l’Essonne, enchaîner 9 toilettes de 10 minutes, pour un salaire net de 1 850 euros au bout de 34 ans d’ancienneté... en se voyant supprimer une prime de 46 euros, en subissant les changements d’horaires du plan Hirsch qui désorganisent la vie de famille, surtout pour les plus jeunes, qui ont des enfants en bas âge ?
Pour les étudiants, c’est la déception face à des études incohérentes, des cours en faculté peu sérieux, tandis qu’en stage ils font souvent le bouche-trou dans les services, faute d’effectifs pour les encadrer. Certains s’endettent pour vivre, car les indemnités de stage et même les bourses sont maigres. Ils ne se sentent pas assez formés pour faire face au milieu hospitalier et, au bout, le risque de chômage n’est même pas écarté.
La découverte du monde du travail paraît rude à ceux qui pensaient que la santé était un domaine protégé. Un jeune aide-soignant dans une clinique psychiatrique privée de Bourgogne est venu manifester sur son jour de repos : il a choisi son métier, mais n’admet pas que, pour 48 patients, il n’y ait que deux infirmiers et deux aides-soignants, sachant qu’ils peuvent en plus être appelés en renfort dans le service voisin. Cela pour 1 120 euros net, au profit des actionnaires de la Générale de santé.
Des militants syndicaux de l’hôpital psychiatrique de Ville-Évrard, en région parisienne, sont venus montrer qu’ils tiennent bon : ils ont réussi à échapper pour l’instant à un groupement hospitalier de territoire (GHT) et résistent à la politique d’économies de leur direction. Pour eux, passer plus de temps devant un ordinateur à valider des protocoles concoctés par des cadres, aux dépens de la présence directe avec les patients, c’est un non-sens.
Participant ce 8 novembre à leur première journée de grève et de manifestation, certains jeunes demandaient quelle serait la suite. Ils voyaient bien que les délégations reçues par des sous-fifres redescendaient les mains vides. Et en effet cette mobilisation devra être renouvelée et élargie.