La Chine, qui ne dispose pas d’une industrie du médicament développée, représente un marché énorme, de plus en expansion, pour les géants européens et américains de cette branche. Tout irait donc pour le mieux pour les trusts mondiaux de la pharmacie, si les autorités chinoises n’avaient récemment décidé de réguler la mise sur le marché des médicaments.

Voulant contrôler la qualité des essais cliniques destinés à démontrer l’efficacité et l’innocuité des médicaments pour les patients, les autorités chinoises ont décidé de regarder un peu plus systématiquement que de coutume les dossiers que leur soumettent les firmes occidentales, le plus souvent associées à des firmes locales.

En juillet 2015, Pékin a donc prévenu ces groupes, qui avaient déposé 1 622 demandes d’enregistrement pour leurs spécialités pharmaceutiques, qu’il serait bon qu’ils effectuent eux-mêmes des inspections internes et des vérifications afin de contrôler l’authenticité et la fiabilité des données de leurs propres essais cliniques. 193 produits pharmaceutiques n’en ayant pas besoin au regard de la réglementation chinoise, il restait 1 429 produits à contrôler.

La demande n’avait rien d’exorbitant ni de très contraignant puisque les firmes ayant déposé des dossiers devaient contrôler elles-mêmes s’ils correspondaient à la réalité.

Pourtant, un an après cette demande, sur 1 429 cas concernés, 1 193 demandes d’enregistrement avaient été « spontanément » retirées, soit 83 % du total ! Un aveu de taille : dans cette économie démente régie par la course au profit, une très grande partie des dossiers déposés pour des médicaments proposés par les industriels peuvent, de leur avis même, se révéler frauduleux.