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- Lutte ouvrière n°2519
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Leur société
Inégalité hommes-femmes : 38 jours de paie en moins
« Le 7 novembre, début de la saison des bonnes poires », a-t-on pu lire sur une banderole féministe lors d’un rassemblement dénonçant l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes.
Ce jour-là en effet, et très précisément à 16 h 34, les statistiques montrent que les femmes commencent à travailler bénévolement puisque, à travail égal, leur salaire est inférieur en moyenne de 15,1 % à celui des hommes, et qu’au rythme où les choses évoluent il faudrait 170 ans pour combler la différence. Prenant modèle sur l’Islande où, mettant en avant ce mode de calcul pour frapper les esprits, des manifestations et appels à cesser le travail avaient eu lieu en octobre pour réclamer l’égalité salariale, plusieurs mouvements féministes français ont repris les mêmes mots d’ordre et les mêmes moyens d’action. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes et quelques arrêts de travail de cinq à dix minutes ont été observés dans certaines entreprises.
Évidemment, des politiciens de tout bord sont subitement devenus des hérauts de l’égalité salariale. De Mélenchon aux ministres du PS Valls, Vallaud-Belkacem, El Khomri, en passant par Juppé, Copé et Pécresse des Républicains, ils y sont allés de leur couplet vertueux et indigné. Pourtant, à un moment ou un autre, tous sont passés au gouvernement. Et quel bilan peuvent-ils en tirer en la matière ? Ils ont fait voter des lois, pourraient-ils répondre. Certes, depuis 1972, ni les lois ni les ajouts au Code du travail n’ont manqué : loi Roudy en 1983, Génisson en 2001, toujours des lois et des textes relatifs à l’égalité salariale en 2006, 2010, 2012 et 2014.
Mais quels moyens ces beaux parleurs se sont-ils donnés pour qu’elles soient appliquées ? Dans un communiqué commun, la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol et celle du Travail Myriam El Khomri se félicitent de « l’engagement du gouvernement » depuis 2012, donnant pour preuve que 107 entreprises ont été sanctionnées depuis 2013 pour n’avoir pas respecté l’égalité salariale. Une moyenne de 36 entreprises par an, le tableau de chasse est bien maigre par comparaison avec la réalité de l’injustice subie par les femmes !
Les seules avancées que les femmes ont obtenues face aux discriminations dont elles sont victimes l’ont été par leurs luttes. Elles savent qu’elles ne peuvent pas compter sur ces pantins pour voir leur travail reconnu à sa juste valeur et leurs salaires revalorisés.